Entre Abir Moussi qui accuse Yadh Elloumi de l’avoir injuriée et ce dernier qui clame sur les plateaux tv et les émissions radio son innocence, les Tunisiens, écœurés par les mœurs de leurs députés au Parlement, ont la tête ailleurs. Avec l’épidémie qui sévit dans le pays et surtout son impact sur un futur qui s’annonce sombre.
Dans le baromètre politique mois d’avril en cours réalisé par Sigma Conseil, les observateurs se sont notamment focalisés sur la popularité de personnalités politiques. En revanche, ils ont négligé le regard que portent les Tunisiens sur les institutions qui régissent notre pays. Et la réponse des sondés est édifiante. En effet, à la question: « Quelle est l’institution à laquelle faites-vous le plus confiance? » Environ 90% de Tunisiens font confiance à l’armée nationale et aux forces de l’ordre; vient en troisième position la présidence de la République. Et, sans surprise, le parlement ferme piteusement la marche à la queue du peloton.
Injures, clashs et noms d’oiseaux
Cette dégringolade s’explique par les mœurs qui règnent sous le dôme du Parlement. Où les Tunisiens assistent, médusés et en direct à des clashs d’une violence inouïe entre nos respectables députés, des prises de bec et des noms d’oiseaux qui fusent de partout. Rappelez-vous les propos haineux échangés entre Jamila Ksiksi et Abir Moussi, Saifeddine Makhlouf et Abir Moussi, ou encore Monji Rahoui et Noureddine Bhiri. Et j’en passe.
Mais la dernière affaire qui, à juste titre, a enflammé la toile et fait couler beaucoup d’encre est l’infâme insulte « ta place est à sidi Abdallah G… » que le député de Qalb Tounes, Yadh Elloumi aurait lancé à la tête de la présidente du parti destourien libre (PDL), Abir Moussi.
Une injure personnelle qui tombe sous la coupe de la loi. Et ce, au cours des travaux de la commission de la réforme administrative qui était en train d’auditionner le ministre de l’Industrie sur les soupçons qui entourent l’affaire des masques de protection.
Le président de la dite commission aurait donné un confortable temps de parole à plusieurs députés, ce temps n’est nullement restreint par le règlement. Mais quand Abir Moussi prit la parole, le micro lui fut coupé sous prétexte qu’elle n’avait que trois minutes comme à la plénière.
Démenti catégorique
Yadh Elloumi a réagi pour opposer un démenti catégorique à cette grave entorse au minima d’éthique et clamer, hier soir sur le plateau de Hiwar Attounsi, son innocence de toute accusation d’injures et de sexisme. Il a affirmé qu’il n’a jamais proféré une insulte pareille à l’encontre de sa collègue et que les enregistrements peuvent également en témoigner.
Pour rappel, Al Hiwar n’a pas diffusé ce passage, mais notre consœur Myriam Belkadhi affirme posséder l’enregistrement. Alors qui croire et que penser?
Du point de vue éthique, cette affaire vient d’éclabousser encore une fois le Parlement. En pointant du doigt la médiocrité de certains de nos députés. Juridiquement, la justice tranchera. Politiquement, c’est un désastre quand la classe politique est appelée à se serrer les coudes pour combattre l’épidémie de coronavirus.
Apparemment, c’est le dernier de leurs soucis !