C’est un immense appel au secours que lance le président des chambres nationales du commerce de détail. Un SOS à l’adresse du chef du gouvernement et des ministres concernés: finances, affaires sociales et commerce. Car des menaces planent sur l’activité de ces commerçants.
En effet, le secteur, si l’arrêt des activités se poursuit, est en danger de mort. C’est quasiment une affaire de jours plus que de semaines. Si l’on en juge par le degré de détermination et de l’incapacité du secteur à faire face à ses engagements financiers.
De ce fait, les commerçants demandent à reprendre leur activité. Non sans rappeler que la santé des Tunisiens est une priorité absolue et doit le rester. Ils proposent à cet égard en annexe une série de mesures et de précautions à adopter. Qu’ils s’engagent à respecter strictement.
Ainsi, on lit dans cette missive, une présentation en règle de la place de ces secteurs, de leur singularité. Mais également des difficultés financières auxquelles ils ne peuvent plus faire face. On y trouve aussi l’ébauche de pistes d’action. Autant de mesures d’assistance pour des secteurs en danger de mort.
Lettre au Gouvernement de la Part des commerçants de détail
Monsieur Elyes Fakhfakh, Chef du gouvernement,
Monsieur Mohamed Msilini, Ministre du Commerce ,
Monsieur Habib Kchaou, Ministre des Affaires sociales
Monsieur Nizar Yaiche, Ministre des Finances
Nous écrivons cette lettre suite à l’intervention de M. le Chef du Gouvernement du Dimanche 19 Avril et l’annonce du prolongement des mesures de confinement total jusqu’au 03 Mai 2020. Nous souhaitons, par son biais, partager notre inquiétude au sujet de la situation de plus en plus critique que nous vivons et vous apporter les propositions adéquates pour reprendre notre activité à la fin du confinement.
Commerçants de prêt à porter, de chaussures et accessoires, de la bijouterie-horlogerie, du jouet, du meuble, des articles de sport, des articles de maison, de l’optique, de la parfumerie et de la cosmétique, de l’électroménager, de l’artisanat, etc …, nous assurons près de 100 mille emplois dans plus de 30 000 points de vente à travers le pays.
Depuis le 20 mars dernier et pour au moins deux semaines encore, nos magasins sont fermés, fruit d’une décision du Gouvernement tunisien indispensable pour endiguer au plus vite la propagation du Covid-19. La santé du tunisien est une priorité absolue et doit le rester.
Cependant, les commerces, quelle que soit leur taille, subissent une perte de chiffre d’affaires considérable. En cette période de crise, ne pas mettre la clé sous la porte implique d’assumer des coûts de fonctionnement lourds, incompressibles et impossibles à supporter: avance du paiement des salaires, poids financier des stocks de marchandises, règlements des fournisseurs… Nous avons tous fait des choix forts mais coûteux pour préserver la chaîne de production, indispensable à la reprise économique post-confinement. Les salaires et les loyers constituent la plus grande partie de nos charges et peuvent représenter chacun plus de 15% de notre chiffre d’affaires en temps normal.
Nous sollicitons votre aide pour faire face à ces difficultés économiques montantes et ce à deux niveaux:
- Jouer le rôle de médiateur entre les commerçants et les bailleurs. Et ce, pour aboutir à un cadre légal garantissant la suspension des loyers pendant toute la période du confinement. Ce cadre éviterait aux commerçants les risques de poursuites et d’éviction pour défaut de payement des loyers. A défaut, assurer au commerçant une prise en charge totale ou partielle par l’Etat, des loyers de la période de fermeture.
- Autoriser les commerçants à reprendre leur activité à la fin du confinement général, soit le 4 Mai qui coïnciderait avec le 11ème jour de Ramadan. Il est à souligner que le mois de Ramadan constitue, pour la majorité des commerçants cités ci-dessus, le moment fort de l’année. Notons que certains réalisent près de 40% de leur chiffre d’affaire annuel pendant le mois saint. Pour que cette reprise soit possible et qu’elle s’inscrive dans l’effort collectif visant à préserver la santé des Tunisiens et à éviter de les exposer aux risques de contagion, nous proposons une liste des mesures et précautions à adopter par les commerçants.
En conclusion, nous soulignons encore une fois que trouver une solution pour suspendre les loyers pendant la période du confinement, alléger les charges financières des commerçants et leur permettre de rouvrir leurs portes dès la fin du confinement général tout en observant les règles citées précédemment sont les seules mesures capables de permettre à tous les commerçants de traverser la crise, de relancer l’activité et de sauver les emplois dans les prochains mois.
Signataires :
- Mehdi Abdelmoula, président de la Chambre nationale des chaines de magasin d’habillement;
- Hatem Meziou, président de la Chambre nationale de la parfumerie et de la cosmétique;
- Hatem Ben Youssef, président de la Chambre syndicale de la Bijouterie Horlogerie;
- Najoua Kammoun, présidente de la Chambre nationale des opticiens;
- Mohsen Ben Sassi, président de la Chambre nationale du commerce de tissu et de prêt-à-porter;
- Akram Belhaj, président de la Fédération du cuir et chaussure.