L’Association tunisienne des ingénieurs statisticiens a organisé une visioconférence sur l’apport de la statistique dans la compréhension du Covid-19.
Le Professeur à l’Ecole supérieure de la statistique et de l’analyse de l’information, Dhafer Mallouche, affirme qu’il n’est pas exclu que la Tunisie ait atteinte le pic à mi-mars. De ce fait, il recommande plus de prudence pour faire face au Covid-19.
Pour lui, diminuer le nombre de cas de 5 à 10 par jour voudrait dire que la situation est maîtrisée. Cependant, les chiffres sont, encore, loin de ce scénario. D’ailleurs, les gouvernements tentent de maîtriser le nombre de cas. Et ce pour qu’il n’y ait pas de débordement sur tout le système sanitaire.
Revenant sur les cas d’autres pays, il s’attarde sur celui de la Chine. Pour lui, le cas chinois est un jeu de données assez intrigant. Et de continuer, qu’il faudrait comprendre comment on a eu subitement 14000 cas en une journée. Et ce, sans avoir un effet sur la courbe des décès, s’interroge-t-il.
De l’importance de mobiliser les statistiques contre le Covid-19
L’intervenant affirme que l’objectif principal du confinement est d’empêcher le déclenchement du pic . Cependant, il reconnaît qu’il n’existe aucun modèle mathématique fiable. Ainsi, il recommande un meilleur ciblage et une meilleure intensification des tests. Etant donné que la courbe peut remonter de nouveau. Il considère également que le nombre actuel de tests n’aide pas à découvrir des cas
De son côté, le directeur des statistiques de l’emploi à l’INS Yamen Helel considère que c’est dans ce contexte où de bonnes statistiques sont plus importantes que jamais.
La statistique était l’un des plus performants outils entre les mains des pays. Et ce, afin de gérer la crise et prévoir le développement de la pandémie. L’intervenant considère également que les statisticiens et les Data Scientistes ont eu l’occasion de jouer un rôle primordial et montrer l’importance des statistiques.
Partout dans le monde les offices de statistiques ont réagi à cette situation . Et ce par la mise en place de nouvelles techniques de collecte de données. Il s’agit d’enquêtes en ligne, enquêtes téléphoniques, documents administratifs et crowdsourcing. Il considère que la statistique publique est appelée à produire des indicateurs qui permettent l’évaluation de l’impact social et économique du Covid-19.
En effet, la digitalisation des services publics aura un impact positif sur le développement de la statistique publique.
Par ailleurs, Ahmed Rebai, professeur au Centre de biotechnologie de Sfax, affirme,dans le même contexte, que le virus est encore assez peu connu sur les plans biologique et médical. Il considère que l’essoufflement des systèmes sanitaires a provoqué l’augmentation du nombre de cas pour tous les pays affectés.
L’intervenant affirme que le virus reste dans l’environnement plusieurs heures sans se dégrader. De plus, il tue plus les hommes que les femmes. D’ailleurs, Covid-19 infecte plus les jeunes mais tue plus les personnes âgées.
De son côté, Rabie Razgallah, Managing Partner chez DACIMA Consulting, affirme que la découverte d’un traitement radical au Covid-19 pourra ouvrir la voie vers des distinctions scientifiques de haut niveau.
Et ce à l’instar du Prix Nobel. Pour lui, les observations ont montré qu’une quarantaine plus longue est nécessaire pour contenir la contagiosité. La décision tunisienne d’un confinement précoce est une stratégie très fructueuse qui a eu un effet très bénéfique pour adoucir l’évolution de la pandémie. La Tunisie est en tête des pays chercheurs sur le Corona en Afrique.
La crise a bel et bien son coût économique
L’économiste Mohsen Hassan affirme que le Covid-19 a impacté négativement l’économie tunisienne. Si l’économie nationale a subi cette crise c’est parce qu’elle est extravertie et fragile. En effet, au niveau macroéconomique, le covid-19 a provoqué : la diminution de la consommation suite au confinement, diminution de l’investissement et diminution du commerce extérieur. Il rappelle , également que les secteurs les plus touchés sont le tourisme et la production exportatrice .
L’économiste tunisien affirme également que la pandémie aura un impact social négatif. Et ce à l’instar de l’augmentation du nombre des chômeurs. La baisse des recettes de l’Etat et l’augmentation des dépenses sont prévus également. S’ajouterait à cela le manque des recettes.