Le rapport de la mission d’inspection sur les masques relève de sérieux griefs. Ils sont relatifs au dossier de production de deux millions de masques médicaux; ainsi que de 30 millions de masques de protection.
« Plusieurs dépassements et manquements ayant ponctué l’opération de confection de masques barrières. Présence de plusieurs commissions, absence de détermination des responsabilités et non respect des principes généraux de la bonne gouvernance ».
Tels sont les griefs relevés par le rapport préliminaire de la mission d’inspection confiée à l’Instance générale de contrôle des dépenses publiques. Ce rapport a été présenté, hier lundi 27 avril, à Mohamed Abbou, ministre d’Etat chargé de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption. Il sera soumis par la suite à la présidence du gouvernement.
Pour rappel, l’affaire concerne des soupçons de corruption. Ceux relatifs à la production et l’achat de 30 millions de masques à usage non médical et de deux millions de masques médicaux. Et ce, au profit des ministères de l’Industrie, de la Santé publique et du Commerce.
Le ministre de l’Industrie épinglé
Ainsi, le rapport d’inspection a dévoilé que le ministre de l’Industrie a conclu un accord oral avec un fournisseur. Et ce, pour accélérer la production d’un premier lot de deux millions de masques. « Il s’agit d’un acte contraire aux règles légales qui concerne les achats et les offres publiques. L’acte ne respecte pas le principe de concurrence et la transparence des transactions avec une absence de la nature de l’acheteur », relève le rapport.
Délit d’initié
Concernant la communication téléphonique entre le ministre de l’Industrie et le fabriquant Jalel Zayati, également député à l’ARP, le rapport évoque des éléments sérieux de suspicion. « Cette communication a permis à ce dernier d’avoir les détails techniques et la fourchette de prix trois jours avant sa fixation par la commission technique. Ces informations ont permis à l’industriel d’acheter une grande quantité de tissu. Puis de contacter des sous-traitants pour travailler à son compte ».
Recommandations
Par ailleurs le rapport d’inspection a recommandé de charger la Pharmacie centrale d’acheter les masques. D’informer l’opinion publique du processus d’achat des masques en question. De charger un comité restreint au sein du ministère de la Santé Publique ou de celui de l’Industrie. Ainsi que de suivre l’opération d’approvisionnement de la Pharmacie centrale en masques.
Il convient de rappeler la mission d’inspection confiée à l’Instance générale de contrôle des dépenses publiques. Elle s’est penchée sur un marché qui devait être conclu entre le ministre de l’Industrie, Salah Ben Youssef, et l’industriel et député Jalel Zayati pour une commande de deux millions de masques. Soit un marché de 3,8 millions de dinars.
« Devoir national »
Par ailleurs, le ministre avait affirmé ne pas être au courant que l’industriel est également un élu du peuple. Il a présenté publiquement ses excuses.
Pour sa part, le député en question a toujours soutenu avoir accepté de fabriquer les deux millions de masques chirurgicaux par « devoir national ». Et qu’au fond, il était soulagé que l’affaire soit tombée à l’eau parce qu’il « perdait de l’argent ».
Une explication très convaincante !!