Tout le monde sait que ce gouvernement pléthorique a été bricolé de bric et de broc, dépassant manifestement tout entendement. Quant à savoir de quel grenier provient ce fatras, c’est une autre paire de manches…
Il y a les copains, les coquins, les frérots et les pièges à oiseaux… Pourtant, ce gouvernement est parvenu à bénéficier d’un soutien certes sans enthousiasme. Car on n’avait pas le choix, dit-on.
Malgré le scepticisme ambiant, il y avait un brin d’espoir que ces chevaux de retour qui réapparaissent au-devant de la scène auraient tiré les leçons du passé et se repentiraient des méfaits commis. On espérait qu’ils seraient plus disposés à vêtir le bleu de chauffe, à retrousser les manches et à s’atteler à affronter les mille et un défis avec détermination et dévouement, abandonnant les passe-droits, le clientélisme, le clanisme et le localisme, pour combattre vraiment les seigneurs de la corruption, pour réparer les injustices commises, bref pour assainir efficacement et sans finasseries superflues…
On croyait que le manque de légitimité électorale de celui qui a été propulsé et qui fait office de chef de Gouvernement (ancien ministre des Finances 2012-2014 du gouvernement de la Troïka) va lui permettre d’être plus autonome vis-à-vis des considérations partisanes, confréristes et régionalistes qui ne font qu’attiser davantage les tendances centrifuges et on se rend compte à présent que c’était une regrettable méprise.
Course effrénée de noyautage!
Deux mois seulement après l’entrée en fonction, à mesure que les semaines passent, la façade politique du gouvernement s’émiette en morceaux auprès d’une grande partie des Tunisiens.
On n’a pas besoin de ces sondages qui ne valent pas un clou pour le constater véritablement. Aucun signe crédible ne donne à penser que ce gouvernement est déterminé à agir dans le sens requis par les citoyens.
Prenons un exemple, le salaire de ceux qui sont appelés avec emphase dans les discours « notre armée en blouse blanche » est indignement ponctionné, alors que dans d’autres pays les salaires du personnel de la santé sont augmentés. Le ministre cabotin, brut de décoffrage, est en campagne électorale ininterrompue. Il n’a que faire des conditions de travail des « blouses blanches » et de l’état déclinant des hôpitaux…
Rien n’a été entrepris pour frapper fort et vite les barons de la contrebande. On continue à faire illusion avec l’arrestation du menu fretin pour « épater la galerie ». Rien n’est tenté pour freiner la voracité des politiciens véreux, dont quelques uns sont ou étaient dans des postes ministériels, des députés corrompus notoires, des nominations à la pelle dans les cabinets ministériels, à l’ARP et dans les grandes entreprises nationales (plus proches des emplois fictifs offerts aux frais de l’État à des islamistes qu’il faut caser) confirmant la poursuite d’une course effrénée de noyautage, déclenchée par la confrérie islamiste, par rapacité insatiable, exécutant le « tamkine » pour consolider l’assise de son projet totalitaire…
Pis encore, on ose justifier sans vergogne l’injustifiable devant les téléspectateurs, notamment concernant les soupçons de corruption pour la fabrication des lots de masques de protection réutilisables.
Le rapport de synthèse préliminaire de la mission d’inspection a relevé plusieurs abus et manquements allant à l’encontre des règles régissant les achats et les commandes publics… Nos ergoteurs de service passent leur temps à plaider l’implaidable, à s’absoudre, à s’offrir des sauf-conduits et à essayer d’endormir la vigilance en lançant des leurres au cours de causeries télédiffusées biaisées.
Absence de transparence
Le Covid-19 a contribué à mettre à nu l’incapacité de ces gouvernants à sécuriser convenablement les Tunisiens, mais a servi de prétexte pour justifier toutes sortes de turpitudes, tout en entonnant la rengaine : « Ce n’est pas le moment », pour faire taire les protestations au sujet des ratages politiques et des passe-droits. L’absence de transparence sur les dons et leur usage exaspère les Tunisiens…Le constat sur le terrain est alarmant. Par conséquent, il ne faut pas se taire, car garder le silence c’est cautionner.
Dans l’intervalle, un projet de loi portant approbation de l’accord de siège de Qatar Fund for development est posté en embuscade à l’ARP. Il prévoit de concéder des avantages bradant l’indépendance et la souveraineté de la Tunisie. Puis une convention entre la Tunisie et la Turquie qui donne plusieurs privilèges ainsi que des facilités financières et fiscales aux investisseurs turcs en Tunisie.
Par bonheur, il est ajourné grâce à une levée de boucliers des Tunisiens les plus vigilants, mais il s’agit de rester en alerte. Quant au président de la République, il est déclaré aux abonnés absents. En vérité, il est affairé à distribuer des cartons aux nécessiteux, tout comme son parangon Omar le Farouq.
On se doutait bien que celui qui fait office de chef de Gouvernement est sur une ligne de crête courte et étroite et qu’une forte pression s’exerce sur lui de la part du « sous-morchid » et ses ouailles.
Sa marge de manœuvre est incontestablement réduite. Mais lorsqu’il s’était lancé tête baissée pour recevoir cette sinécure, il devait s’attendre à toutes ces vicissitudes et ce qui s’en suivraient comme déboires.
A moins que l’attraction du poste lui ait troublé la vision au point d’être prêt à accepter toutes les avanies de la part de ceux qui tiennent la bride ! Il voudrait croire qu’il peut amadouer la confrérie pour agir dans le sens exigé mais il se trompe, d’autres y ont cru et se sont fait phagocyter inévitablement.
Les plus conciliants parmi les citoyens qui gardent encore un faible espoir par lucidité font un ultime appel à l’esprit de responsabilité du chef de Gouvernement, pour qu’il essaye de se rattraper et stopper la fuite en avant dans le reniement systématique, la soumission aux mises en demeure de la section locale des frères musulmans et les ratages politiques à répétition.
Quel intérêt de parier uniquement sur la prolongation de la durée de vie de ce gouvernement, au détriment des solutions véritables à fournir aux multiples problèmes qui s’accumulent, devant les défis dont il ne semble pas mesurer correctement la nature et ne pas comprendre l’ampleur ni la gravité à la lumière de cette conduite aventureuse qui le disqualifiera définitivement ?
Le vase est déjà plein. Une petite goutte sera le signal de la débandade générale. Des signes inquiétants, annonciateurs de la tournure que peuvent prendre les événements, ravivent le spectre de la dissolution de l’ARP. Suivie d’une impasse politique dans laquelle serait plongé un pays devenu ingouvernable.
Alors, ne restez pas dans l’incantation et la dénégation, faites vite un bilan de ces deux mois de mal gouvernance, révisez vos méthodes et revoyez ce fameux logiciel, pour redémarrer sur de meilleures bases.
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