Noureddine Taboubi le SG de l’UGTT a prononcé un discours le 1er mai 2020. Et ce à l’occasion de la célébration de la fête du Travail. Il a exprimé son hostilité à toute tentative d’un passage en force pour faire avaler aux Tunisiens des « mesures impopulaires et injustes » sous couvert de la crise sanitaire.
Fait inédit. De mémoire de syndicaliste, c’est certainement la première fois depuis sa fondation par le leader Farhat Hached en 1946, que la centrale syndicale a célébré à distance la fête du Travail. En effet, dans un discours d’une trentaine de minutes, Noureddine Taboubi s’est adressé hier vendredi 1er mai aux syndicalistes à partir de la place Mohamed Ali ; via une conférence vidéo. Coronvirus oblige.
Rappelant les changements majeurs dans le monde suite à l’épidémie, Noureddine Taboubi a estimé que la Tunisie doit se préparer dès aujourd’hui à évoluer dans un nouveau contexte mondial. Et ce, avec une approche sociale et équitable.
Sacrifice et abnégation
« Toutefois, a-t-il assuré, la crise sanitaire a mis en exergue l’éminent rôle des cadres médicaux et paramédicaux ainsi que les agents de propreté dans la lutte contre l’épidémie et la protection de la population contre la contagion. Ils méritent la reconnaissance de la Nation pour leur sacrifice et abnégation ».
En revanche « la crise sanitaire a dévoilé l’œuvre basse des personnes qui prospèrent pendant les crises grâce aux catastrophes et au marché de la mort, les contrebandiers, les spéculateurs, les corrompus et les évadés fiscaux », a-t-il déploré.
Le service public, une soupape de sécurité
Revenant sur le rôle du service public, le secrétaire Général de l’UGTT a insisté sur l’utilité « incontestable » de l’Etat dans la lutte contre l’épidémie microbiologique qui sévit en Tunisie. « L’individu n’a aucun sens en dehors du groupe ; et point d’avenir pour le groupes sans la solidarité des individus », a-t-il fait observer.
Et de poursuivre : « Face aux crises majeures, le secteur public joue le rôle de soupape de sécurité. En effet, Il défend le tissu social contre les affres de la spéculation. Il régule le marché et s’oppose à la mentalité du gain facile et à la logique du butin. C’est pour ces raisons qu’il est impératif d’ouvrir rapidement les chantiers du sauvetage des entreprises publiques ». A conclu M.Taboubi.
Par ailleurs, le patron de la centrale syndicale a rappelé la situation précaire de certains employés qui sont contraints d’accepter des salaires dérisoires indignes d’un minimum de vie décente. De surcroit, ils sont privés de couverture sociale.
Non au prélèvement sur salaires
D’autre part, Noureddine Tabboubi s’est montré hostile au revenu sur le prélèvement de la contribution sociale solidaire sur les salaires des employés et des fonctionnaires. « Avec la cherté de la vie, de la spéculation et de l’évasion fiscale, on demande aux salariés et aux travailleurs de serrer davantage la ceinture. Ils ont trop donné, trop sacrifié. Cette contribution représente une lourde charge pour eux, d’autant plus qu’ils viennent déjà de faire don d’une journée de travail pour contribuer aux efforts de lutte contre la pandémie du coronavirus », a-t-il rappelé.
Sur un autre volet, le secrétaire général de l’UGTT a également tiré la sonnette d’alarme sur la situation « catastrophique » des entreprises et des PME ; notamment celles qui s’acquittent de leurs devoir fiscal ; certaines risquent de disparaitre entrainant dans leur sillage la perte d’emploi pour des milliers de salariés ».
« Gare aux mesures impopulaires et injustes »
Enfin, le patron de la centrale syndicale a directement mis en garde le gouvernement contre toute tentative de profiter de la situation critique que traverse notre pays. Et ce « pour faire passer des mesures impopulaires et injustes ».
Evoquant la prochaine levée de dé-confinement, Taboubi a également mis en garde contre les pressions exercées par le patronat, sans le nommer directement, pour une reprise rapide et non étudiée du travail sans garantie les moyens de protection aux travailleurs « chacun devra assumer ses responsabilités juridiques, politiques et constitutionnelles quant il s’agit d’atteinte à la dignité humaine », a prévenu le secrétaire général de l’UGTT.