Le gouvernement revientsur sa décision d’interdire l’exportation des masques fabriqués en Tunisie. Mais nous avons perdu un temps précieux à cause de la bureaucratie tatillonne et de l’amateurisme de nos dirigeants. Frustrant.
Mauvaise gouvernance oblige. Le gouvernement s’amuse à prendre des décisions hâtives, parfois sous-productives, probablement sous le feu de l’action; avant de se rétracter par des annulations pures et simples. Ainsi, après avoir dans un premier temps interdit l’exportation de masques de protection confectionnés par les sociétés de textiles. Privant de ce fait l’économie nationale d’une précieuse manne de devises. Le gouvernement d’Elyes Fakhfakh a fini par lever son veto et en autoriser l’exportation. Et ce suite à une réunion qui a groupé hier dimanche au premier ministère trois ministres. Il n’est jamais trop tard pour bien faire…
L’exemple marocain
Mais que de temps perdu! Entre temps, après avoir totalement satisfait la demande intérieure, le Maroc se lance désormais dans les exportations. Et ce, afin de conquérir le marché mondial. L’excédent de production de masques sera exporté sur le marché mondial dans les prochains jours.
A savoir que dans le royaume chérifien, 19 usines de textile se sont reconverties dans la production des masques. Et ce, avec l’impulsion du ministère marocain de l’Industrie et les subventions d’un fonds spécial d’urgence crée par l’Etat. Résultat: les commandes venant de l’étranger ne cessent de croître. On parle désormais de milliards de masques en tissus lavables destinés à l’exportation. Une prouesse…
Maladresses
Cependant, la décision gouvernementale, certes tardive, est susceptible de sauver tout un secteur gravement touché par la crise, des entreprises au bord de la faillite et des milliers d’ouvrières menacées par le chômage.
Or, avouons-le, depuis le confinement, le gouvernement avait tout fait à l’envers. Un cahier des charges pour la fabrication des masques concocté dans l’urgence, mal ficelé et imprécis; une commande faite à un député par coup de téléphone faisant fi de la transparence dans les marchés publics et frisant le délit d’initié.
Enfin, une audition du ministre de l’Industrie à l’ARP et des excuses publiques. Bref, de l’amateurisme qui a fait perdre à notre pays des précieuses semaines dans la course à la fabrication de ces masques. Et c’est triste à en pleurer.
L’urgence d’une décision politique
Mais que faire alors que le dé-confinement ciblé commence aujourd’hui, 4 mai 2020, et que les citoyens sont appelés à porter des masques qui manquent terriblement sur le marché. Et si on les trouve, ils sont trop chers pour le budget des plus démunis?
Maintenant que le mal est fait, il est impératif de repenser du fond en comble le secteur du textile. C’est un fleuron de notre industrie à l’agonie. Et pour sauver ce qui reste des meubles, il faut une courageuse décision politique: l’interdiction immédiate des importations turques lesquelles ont gravement impacté la production locale. Avec à la clé la perte de milliers de postes d’emploi et la crise sociale qui s’en est suivie.
Mais M. Fakhfakh osera-t-il déplaire à Montplaisir? That is the question…