Dans une déclaration accordée à leconomistemaghrebin.com, Dhafer Saidane, Pr. SKEMA Business School et Membre du Conseil d’analyse économique-Tunisie, est revenu sur l’importance des Fonds souverains. Notamment le Qatar Fund for Development (QFFD) en Tunisie.
De prime à bord, Dhafer Saidane tient à rappeler que à part le QFFD, des entreprises stratégiques comme Total, Vivendi, Suez Environnement ou Sanofi Aventis ont depuis des années à leur capital, des fonds souverains chinois, émiratis ou qataris. C’est l’expression de la mondialisation financière du capital industriel.
Revenant sur le Qatar Fund for Development, il a indiqué qu’il s’agit d’un fonds souverain ou fonds d’État détenu par le Qatar. « Les fonds souverains gèrent en général l’épargne nationale et l’investissent dans des placements variés (actions, obligations, immobilier, etc.) ».
Comme avec le Qatar Investment Authority (QIA), le Qatar a pu se distinguer dans certaines opérations très célèbres. Ainsi, le QIA est intervenu suite à la fusion de Volkswagen avec Porsche en 2012. Tout en investissant sept milliards d’euros dans le nouveau groupe. Portant ainsi sa participation à environ 20% du capital.
« Notons qu’en France, où le QIA est bien implanté, plus de la moitié du capital des entreprises du CAC 40 est détenue par des non-résidents », précise-t-il.
Et d’affirmer que les fonds d’État étrangers privilégient en général trois types d’investissements. « La dette publique qui offre un rendement faible mais sûr, l’immobilier de luxe et les entreprises. A titre d’exemple, le QIA détient 10,1% du capital du groupe Lagardère et 3% de Suez Environnement. De même, il possède des immeubles, hôtels particuliers parisiens et des palaces »…
Souveraineté nationale ou ouverture des marchés: le grand dilemme
Dhafer Saidane a estimé que pour mener à bien sa souveraineté, la France, à titre d’exemple, s’est dotée le 9 décembre 2004 d’une loi imposant aux investisseurs étrangers l’aval du ministre de l’Économie et des Finances. Et ce, lorsqu’ils souhaitent prendre des positions dans les entreprises relevant de la souveraineté de l’Etat (sécurité, armement, défense nationale…).
De ce fait, les fonds souverains sont tenus à respecter par cette réglementation. Au cas où ils souhaitent prendre le contrôle ou obtenir plus du tiers du capital d’une entreprise. Le QIA a, notamment, dû effectuer une demande en ce sens pour l’acquisition de l’entreprise Cegelec. Car ses compétences servent à la défense et au nucléaire.
En période de crise du Covid-19, le temps est compté
Selon le site du QFFD, le 14 janvier 2018 un protocole d’accord a été signé entre QFFD et le gouvernement tunisien. Et ce, à l’occasion de l’ouverture d’un bureau QFFD à Tunis. Le protocole d’accord a été signé par le Vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères Cheikh Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani et le ministre tunisien des Affaires étrangères Khemaies Jhinaoui.
Notre interlocuteur a souligné que ce protocole d’accord vise à renforcer la coopération bilatérale. Grâce au soutien accordé par l’État du Qatar à la République tunisienne, en ouvrant un bureau QFFD à Tunis. Tout en permettant à ce fonds de financer des projets de développement et d’entreprendre des investissements dans différents domaines à déterminer par le Qatar.
« Dans un contexte d’urgence et de crise mondiale aggravée par l’impact du Covid-19. Ainsi que son corollaire le manque de liquidité généralisé avec à terme une hausse des primes de risque pour les pays pauvres. Peut-on continuer à s’offrir le luxe de palabrer autour de l’arbre à palabre? Il importe de dépasser les clivages et les calculs politiques. Le temps est compté pour la Tunisie », a annoncé M. Saidane.
Et de conclure: « Une situation d’urgence mérite une réponse adaptée à la hauteur de la taille du pays. Car de toutes les façons n’importe quel bailleur de fonds imposera ses conditionnalités ».