L’on s’imagine que la crise du COVID-19 va mécaniquement faire de la Tunisie le nouvel El Dorado des entreprises européennes. Il faudrait s’en donner les moyens…
i) Le nearshore ou nearshoring (ou production à proximité des marchés-cible) va c’est vrai, être une tendance lourde des flux d’investissements européens. Il profitera aux pays du sud de la Méditerranée et à la Tunisie.
Nearshoring et sourcing
Mais avant de parler de nearshoring il faudrait parler de sourcing.
Les entreprises étrangères qui seront les plus enclines à faire de nouveaux investissements à l’horizon 2022 seront celles déjà implantées. Celles qui augmenteront par petits paliers leurs approvisionnements à travers leurs filiales tunisiennes.
C’est de cette capacité que va dépendre l’attraction de nouveaux investissements étrangers.
ii) Pour espérer bénéficier du nearshore, il faudrait régler rapidement le problème récurrent des goulots d’étranglement de notre logistique d’exportation. Le monopole des activités d’acconage et de manutention et les perturbations fréquentes au Port de Radès continuent à créer l’un des plus graves goulots d’étranglement pour l’économie tunisienne, surtout que plus de 80% de nos échanges de marchandises passent par ce port.
iii) Nous avons tendance à oublier que la délocalisation des entreprises étrangères en Chine est en grande partie due à la présence d’un marché de près de 1,5 Milliard d’habitants. Que ce soit dans le secteur des industries manufacturières (électriques, électroniques, mécaniques…), le numérique ou les industries des secteurs primaires. L’attractivité de la Chine est essentiellement portée par les débouchés dans ce pays-continent et ceux dans les pays limitrophes.
Relocaliser les industries
iv) Les pays industrialisés vont avoir tendance à relocaliser les industries devenant de plus en plus stratégiques depuis le début de la crise du COVID-19. La dépendance de ces pays à l’égard de l’extérieur surtout dans les matériels médicaux et paramédicaux au cours de ces dernières semaines vont amener les Etats à pousser au rapatriement d’industries devenant de plus en plus stratégiques. Ce qui est vrai pour les industries de la santé, l’est tout autant pour les industries alimentaires.
En definitive, les opportunités vont dépendre de notre réactivité à capter ces investissements nouveaux. Et ce, par un cadre logistique performant et notre capacité à fournir des solutions tangibles aux problèmes d’approvisionnement du marché européen.