Que se passe-t-il au sein d’Ennahdha ? Le torchon brûle entre le Chef de l’Etat Kaïs Saïed et Rached Ghannouchi.
Revenons aux faits. Le discours de Kaïs Saïed était clair. Il dénonce ceux qui veulent amender l’article 45 du règlement intérieur de l’ARP, en déclarant: « C’est une maladie constitutionnelle, plus grave que la pandémie du Covid-19 ».
Et en guise de riposte, les dirigeants d’Ennahdha critiquent le discours de Kaïs Saïed et l’accusent d’avoir outrepassé le cadre de ses prérogatives. Saïd Ferjani, dirigeant d’Ennahdha, souligne à ce propos via son post: “Vous avez dépassé le cadre de vos prérogatives depuis la nomination des directeurs généraux de la sécurité … Je ne sais si vous êtes en train de mettre en place une organisation parallèle pour faire tomber le parlement et le gouvernement”.
Il s’agit en quelque sorte d’une attaque frontale pour intimider le Président de la République de la part d’un député d’Ennahdha. Que peut-on en déduire? Une telle initiative n’arrive pas seule, s’il n’avait pas eu l’aval de son chef.
Que faut-il en penser? Bassel Torjeman, analyste politique, dresse un état des lieux dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com. Selon lui, le Chef de l’Etat entendait adresser un message à Ennahdha. Lui signifiant d’être derrière la crise politique dans le pays pour avoir entravé la réconciliation. La riposte d’Ennahdha est certainement à considérer comme un avertissement à la Présidence« .
Bassel Torjeman: « Ennahdha serait le grand perdant »
Il ajoute : “ Ce qu’a déclaré Saïd Ferjani est une menace à l’endroit de Kaïs Saïed. Ennahdha ne permettra jamais la dissolution du Parlement. Car le retour aux urnes qui s’ensuivrait ferait du mouvement islamiste un grand perdant”.
Et de poursuivre: « La lenteur de la mise en place de la Cour Constitutionnelle en dit long sur les intentions de ce mouvement qui entend entraver le processus démocratique des instances indépendantes. »
Et de conclure: « Cela prouve entre autres qu’Ennahdha n’est en aucun cas un parti démocrate. D’ailleurs, Rached Ghannouchi n’en a fait qu’à sa tête lors des élections municipales en mettant en poste les personnes qui lui sont proches. En outre, il n’est pas non plus normal qu’un tel parti n’ait pas de secrétaire général depuis six mois. Depuis la démission de Zied Laâdheri. Ghannouchi a prouvé une fois de plus d’être le chef incontesté du mouvement islamiste ».