Le parti d’Ennahdha et celui de Qalb Tounes accordent leurs violons. Ils réclament avec insistance la formation d’un gouvernement d’union nationale. A l’évidence, il s’agit d’une manœuvre politique au profit du parti islamiste. Et ce, pour contrebalancer le poids d’Achaab et du Tayyar au sein du gouvernement d’Elyes Fakhfakh.
Ennahdha persiste et signe. En effet, lors de la formation du gouvernement d’Elyes Fakhfakh, il y a environ trois mois, le parti islamiste avait mis tout son poids dans la balance. Et ce, pour inclure son allié contre nature, Qalb Tounes, dont le président Nabil Karoui est encore englué dans des affaires de corruption et de blanchiment d’argent; mais en vain.
Ayant accordé leurs violons, les deux partis reviennent aujourd’hui à la charge. Pour appeler à élargir l’équipe gouvernementale « avec une ceinture politique la plus large possible ». Traduisez par ce slogan, l’ouverture du gouvernement actuel à des ministres issus de Qalb Tounes. La manœuvre visant à contrebalancer le poids du mouvement Echaab. Et surtout du Courant démocratique de l’omniprésent Mohammed Abbou, le ministre d’Etat et l’alter ego d’Elyes Fakhfakh.
« Un gouvernement politiquement orphelin »
C’est dans ce sens qu’il faut interpréter l’intervention, hier lundi 11 mai, d’Oussama Khelifi sur les ondes de Mosaïque FM.
En effet, le président du bloc de Qalb Tounes a assuré que son parti s’active à apaiser les tensions entre partis de la coalition gouvernementale. Tout en réclamant à l’occasion une trêve politique. « Ce gouvernement est politiquement orphelin. Sa ceinture politique, ce sont les chamailles et les conflits. Le gouvernement arrive au parlement pour quémander notre vote en faveur de ses projets de loi; alors que nous sommes dans l’opposition », fait-il observer.
« Une situation anormale et qui ne doit pas durer »
Même son de cloche du côté d’Ennahdha. Il est plus que jamais favorable à un gouvernement d’union nationale. Lequel est « capable de faire face aux répercussions qui découleront du Covid-19 ». C’est ce que soulignait hier lundi, khalil Baroumi, membre du bureau politique du mouvement.
« Le gouvernent d’union nationale est une vision défendue par Ennahdha; depuis le démarrage des concertations sur la formation du gouvernement. Aujourd’hui, cette option, qui n’a pas bénéficié d’assez de soutien pour être concrétisée, s’avère un impératif. Face à la situation sanitaire dans le pays et aux incidences économiques et sociales qui imposent l’orientation vers une équipe élargie ».
« Ce choix s’impose aujourd’hui avec force pour permettre au gouvernement de bénéficier d’un plus large soutien; et réduire le nombre de ses opposants », relève-t-il encore.
Khalil Baroumi fait allusion aux difficultés que rencontrent les partis de la coalition au pouvoir à faire passer certains projets de loi au parlement. En effet, le dirigeant d’Ennahdha trouve que cette situation est « anormale et ne doit plus durer ».
Morale de l’histoire? Ennahdha manœuvre pour assurer ses arrières au sein du gouvernement, alors que le parti de M. Karoui veut sa part de gâteau. Point final…