Le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, évoque la gestion « exemplaire » de la pandémie du Coronavirus en Tunisie. Un exploit qui pourrait être un tremplin pour la relance de l’économie tunisienne. Et ce, dans un entretien exclusif, hier 12 mai sur la chaîne France 24. Extraits.
Tout d’abord, il s’exprimait sur l’approche de son gouvernement concernant le dossier de la Covid-19. A ce propos, Elyes Fakhfakh a rappelé que la Tunisie a imposé dès le début de la crise sanitaire un confinement strict à la population. Ce dernier se couplait à la fermeture immédiate des espaces terrestres, maritimes et aériens. Et ce, à travers une stratégie anticipative mise en place par le gouvernement qui privilégie le capital humain. « Cette politique était concluante puisqu’on déplore aujourd’hui 45 décès et 1 032 contaminations. De plus, on n’a enregistré aucun nouveau cas identifié en deux jours consécutifs », s’est-il réjoui.
Mais, prévient Elyes Fakfakh, il s’agit d’une victoire provisoire. « La Tunisie a réussi à maîtriser la pandémie sans prétendre l’avoir vaincue. Nous entamons le déconfinement par étapes. Grâce à ce contrat de confiance entre les pouvoirs publics, la société civile et le peuple tunisien », a-t-il souligné.
Toutefois, il a rappelé qu’en cas de rebond significatif de la Covid-19, suite au déconfinement ciblé, il n’hésitera pas à durcir le confinement total.
« L’aide internationale est appelée à doubler »
Puis il est revenu sur l’impact de la pandémie sur la situation économique de la Tunisie. Elyes Fakhfakh a souligné avec insistance que la relance économique et les réformes nécessaires à l’élaboration d’une nouvelle économie sur la base d’un modèle innovant sont une priorité absolue. D’autant plus que la situation économique post-pandémie était en lambeaux. « La loi de finances tablait sur un budget d’environ 15 milliards d’euros. Dont environ 2,5 milliards d’euros d’aide internationale. Mais ce chiffre va certainement doubler ».
Cependant, le chef du gouvernement a rappelé que l’Etat a joué son rôle naturel. Et ce, en soutenant les entreprises économiques gravement impactées par la violence de la pandémie. Sans oublier le volet social via les aides accordées à des milliers de familles nécessiteuses.
Des conseillers pour quoi faire?
Epinglé par la désignation de nouveaux conseillers « politiques » à la présidence du gouvernement pour satisfaire la boulimie des partis de la coalition gouvernementale, et ce en pleine crise sanitaire et économique, M. Fakhfakh a balayé ce reproche d’une main dédaigneuse. « Ces dernières nominations se sont déroulées en toute transparence. Certains conseillers servent de relais entre le gouvernement et les blocs parlementaires. D’autres prennent en charge les dossiers techniques, pour me permettre de mon concentrer sur l’essentiel. D’ailleurs, je n’ai que douze conseillers, alors que le gouvernement français, à titre d’exemple, en comporte 62 », a-t-il argué.
Elyes Fakhfakh : « Pas le temps pour la politique politicienne »
Concernant l’ouverture de la coalition gouvernementale à d’autres partis, notamment celui de Qalb Tounes, il est resté dans le flou en laissant la porte entrouverte. Tout en rappelant que la priorité du moment est la gestion de la crise sanitaire et son impact sur l’économie nationale et non la politique politicienne ».
« Une solution maghrébine pour la Libye »
Pour ce qui est de la politique internationale, notamment, le dossier de la Libye voisine, le chef du gouvernement a plaidé en faveur d’une solution maghrébine. « Nous sommes avec l’Algérie, à laquelle je réserverai ma prochaine visite, en première ligne. Nous sommes opposés à toute intervention étrangère. Ainsi qu’à la dislocation du territoire libyen », a-t-il martelé.
Enfin, interrogé malicieusement sur ses relations avec l’hôte du palais de Carthage, il a souligné qu’il est en bons termes avec le président de la République Kaïs Saied. « Car nous partageons les mêmes valeurs et la même volonté d’aller de l’avant pour le bien de la Tunisie ».
Un clin d’œil appuyé en direction de Montplaisir?