Le groupe EPI a invité vendredi 15 mai Mohamed Ali Toumi, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, lors d’un webinaire. Le ministre a choisi d’évoquer les effets de la crise du Covid-19 sur le secteur du tourisme, du plan de relance, de la stratégie à mettre en place ainsi que de l’élaboration d’un protocole sanitaire dans le secteur. Les enjeux sectoriels, les acteurs de la qualité dans le tourisme, la stratégie d’investissement dans ce secteur et le développement des technologies numériques ont été également abordés.
Quel impact et conséquences sur le secteur du tourisme ? Quelles mesures de relance et quelle stratégie à mettre en place ? Quel est l’état d’avancement de ces mesures ? La saison est-elle terminée pour le tourisme tunisien ?
La Covid-19 a provoqué la plus grave crise dans le monde. C’est une catastrophe pour le secteur touristique. A l’échelle mondiale, le secteur a enregistré 800 millions de touristes en moins, des pertes estimées à 50 milliards de dollars et 120 millions de postes d’emploi perdu. Pour la Tunisie, la perte est estimée à 6 milliards de dinars.
Optimiste, le ministre du Tourisme a déclaré qu’ « on essayera de sauver ce qu’on peut ». Il a dans ce sens rappelé que le gouvernement tunisien a bien géré la situation lors de la crise sanitaire en adoptant une approche anticipative.
« A l’échelle mondiale, le secteur a enregistré 800 millions de touristes en moins, des pertes estimées à 50 milliards de dollars et 120 millions de postes d’emploi perdu »
Mohamed Ali Toumi a rappelé les différentes mesures décidées par le gouvernement. C’était un challenge pour le corps médical qui a été appuyé par les autres parties. Les hôteliers ont répondu présents. Ils étaient là. Ils ont mis à la disposition du ministère de la santé 11 000 chambres d’hôtel ce qui correspond à environ plus de 30 000 lits.
Et d’ajouter que les agences de voyage ont assuré le déplacement par bus du staff médical. Les restaurants touristiques ont pris l’initiative de fournir des repas aux personnes confinées, aux sécuritaires et aux staffs médicaux.
D’autres équipes ont mené des campagnes de propreté. Tous les professionnels du secteur ont bien mené un grand élan de solidarité. Arriver à cinq jours consécutifs sans aucune nouvelle contamination n’est pas le fruit du hasard. C’est en effet les résultats des efforts consentis.
Et maintenant la relance
Après la phase de résistance, le ministre a souligné qu’il faut aller à la phase de relance. Pour réussir cette phase, il faut, selon ses dires, une bonne communication. Celle-ci nécessite de la crédibilité. On sentira les résultats du déconfinement ciblé et progressif à partir du 18 mai 2020 et ce pour pouvoir maintenir la courbe aplatie et passer à la phase de relance dans des bonnes conditions.
« On n’a pas fait de faux pas. Il ne faut pas céder pour la bonne crédibilité. Celle-ci sera la base de la communication. On ne peut donner une date pour la relance », estime le ministre.
Et d’ajouter que le secteur du tourisme a un important effet d’entrainement. En 2019, le secteur a pu réaliser 30 millions de nuitées. Pour assurer ces nuitées, il fallait garantir plusieurs aspects logistiques (transport, alimentation, infrastructure hôtelière…).
Mohamed Ali Toumi a annoncé qu’il y aura prochainement des mesures spécifiques au profit du secteur du tourisme tunisien. Parmi les objectifs de ces mesures, on note le maintien des postes d’emploi et la préservation de la pérennité des entreprises du secteur.
« On n’a pas fait de faux pas. Il ne faut pas céder. Il faut de la bonne crédibilité. Celle-ci sera la base de la communication. On ne peut donner une date pour la relance »
Pour rappel, le ministère du Tourisme, et dans le cadre de sa préparation à la relance, a mis en place et validé un protocole sanitaire pour le secteur ; Et ce en concertation avec les professionnels. Notons que ce protocole sera lancé après l’avis du ministère des Affaires sociales.
La relance dépendra aussi de la situation sanitaire dans les pays émetteurs. Ainsi, les mesures prises pour la relance ont été communiquées aux représentations de l’ONTT à l’étranger ainsi qu’aux ambassadeurs accrédités en Tunisie (Allemagne, Italie, UE, Algérie, Russie, Ukraine…). L’objectif consiste à les rassurer et à introduire la Tunisie dans les short List des marchés émetteurs notamment européens fixant les destinations mondiales à visiter après la fin de la crise du Covid.
Comment repenser le tourisme tunisien ?
Le tourisme tunisien fait face déjà à des obstacles structurels qui nécessitent l’élaboration d’une nouvelle vision et ce compte tenu de la transversalité du secteur. Il faut une véritable diversification, améliorer le volet environnementale, opter sur le digital et exploiter notre patrimoine matériel et immatériel sous-exploité. Il faut aussi développer le volet des visas électroniques à l’instar d’autres pays concurrents. Un intérêt spécial sera aussi accordé au tourisme de plaisance et de loisirs.