Le groupement Tunisia Health Alliance a publié les résultats de son étude. Elle porte sur l’impact de la crise Covid-19 sur les cliniques privées en Tunisie.
Ainsi, les résultats de cette étude sur les cliniques privées en Tunisie préviennent que la situation de ce secteur est alarmante. Et ce, si des mesures spécifiques à court, moyen et long termes ne sont pas adoptées. Ou prises en considération en réponse à la crise Covid-19.
Un secteur stratégique à préserver
En effet, la Tunisie compte près de 100 cliniques privées réparties sur l’ensemble des régions. Elles emploient près de 17 000 salariés, avec une capacité de 6 000 lits (soit 20% de la capacité nationale).
Ainsi, le secteur s’est développé en complément de l’offre publique et se positionne en deuxième ligne de soins. Et ce, en cas de crise sanitaire et de saturation du secteur public. Avec un chiffre d’affaires estimé à 870 MDT en 2019, le secteur des cliniques privées intervient dans un écosystème global des services de santé. Un écosystème qui génère à l’export plus de 2.5 milliards de dinars de recettes directes et indirectes. La Tunisie est en effet parmi les destinations prisées du tourisme médical dans la région MENA.
97% des cliniques privées travaillent à perte et ne peuvent plus couvrir leurs charges
Cependant, durant la crise de la Covid-19, l’étude montre qu’une clinique sur deux a perdu au moins 85% de son chiffre d’affaires habituel. Et les trois quarts des cliniques ont perdu au moins 70% de leur chiffre d’affaires.
Avec des charges fixes représentant près de 41% du chiffre d’affaires habituel, 97% des cliniques travaillent à perte. Elles ne sont plus en mesure de couvrir leurs charges d’exploitation.
Cette baisse du chiffre d’affaires s’explique, selon l’étude, par la limitation de l’activité médicale aux actes urgents et le quasi-arrêt des consultations. De même que par la restriction de la circulation et la diminution de l’afflux des patients. Outre la fermeture des frontières qui a bloqué tout le flux des patients étrangers.
Par ailleurs, avec la crise économique générale, les cliniques prévoient une baisse de 30% de la demande du marché local pour la prochaine période. Ainsi qu’une reprise graduelle de l’activité internationale seulement en début 2021. Alors qu’une clinique sur deux fait au moins 40% de son chiffre d’affaires grâce aux patients étrangers.
Plus de 10 MDT de masse salariale mensuelle du secteur ne pourra être honorée
En outre, ce qui est alarmant, c’est que près de la moitié des cliniques privées seront en difficulté de payer les salaires du mois de mai. Et seulement 2,5% pourront honorer les salaires de leurs employés jusqu’au mois d’août. Au niveau du secteur, plus de 10 MDT de masse salariale mensuelle ne pourront être honorés. Et plus de 9 000 emplois seront menacés sur les 17 000 emplois hautement qualifiés que compte le secteur.
Des plans d’urgence et de relance proposés pour sortir de la crise sanitaire
« Si notre mission première est vouée à la promotion et au développement des activités de santé à l’export, il est important aujourd’hui de mesurer l’impact de cette crise. Notamment sur l’ensemble des sous-secteurs de la santé et apporter des pistes de réflexion. Ces pistes pourront enclencher la relance du secteur et améliorer les services de soins aux patients ». C’est ce qu’annonce Ghazi Darghouth, président de Tunisia Health Alliance.
Par ailleurs, l’étude dresse une liste de recommandations. Traitant à la fois d’un plan d’urgence qui permettra d’alléger la charge financière des cliniques. Et d’un plan de relance en vue du déconfinement et d’une meilleure prise en charge des patients. Mais également d’un plan de développement qui permettra d’assurer un meilleur dialogue entre les structures publiques et privées.
A noter que l’étude de Tunisia Health Alliance a été réalisée à partir d’un questionnaire adressé aux dirigeants de 43 cliniques privées sur un total de 100 existantes. Représentant près de 70% des lits du secteur et couvrant 13 gouvernorats tunisiens.