Le ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, qui a déclenché une grosse polémique en décidant l’interdiction de la baignade, s’est fait tacler par le ministre du Tourisme, Mohamed Ali Toumi. Récit d’une regrettable cacophonie au sein de l’équipe gouvernementale.
Le sujet semble anodin en ce temps de crise sanitaire. Mais il intéresse au plus haut point nos concitoyens. Lesquels, après un confinement qui a trop duré et qui pèse sur nos nerfs, aspirent au seul et unique plaisir gratuit qui leur reste: se jeter dans les bras de la mer pour une petite baignade durant cet été qui s’annonce rude. Une petite escapade pour tenter d’oublier ce qui nous attend comme mauvaises surprises après le déconfinement.
Interdiction et menaces
Or, voila que notre omniprésent et très médiatisé ministre de la Santé, Abdelatif Mekki, nous sort une fatwa qui a suscité une énorme polémique.
En effet, dans le cadre de la prévention du Coronavirus, il a pris la décision d’interdire la baignade. Menaçant à l’occasion quiconque oserait braver son interdit « que la loi sera appliquée aux contrevenants ». Comment? En brandissant un procès-verbal aux citoyens lambda, dégoulinant d’eau de mer, en simple maillot de bain? Une décision irréfléchie pour ne pas dire ridicule.
La mer « une zone sans risque »
Cependant, c’est une initiative que conteste la très populaire Nissaf Ben Alaya, directrice de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes (OMNE). Puisqu’elle déclare que la mer est « une zone sans risque ». Alors qui croire? Notre héroïne nationale, bien entendu, célébrée dans le monde entier en sa qualité de femme tunisienne qui a vaincu la pandémie.
Recadrage
Et un nouveau rebondissement intervient dans cette drôle d’affaire d’interdiction de la baignade. Ainsi, moins de 24 heures après la déclaration du ministre de la Santé, son collègue du Tourisme, Mohamed Ali Toumi, souligne pour sa part que la baignade dans la mer et les piscines ne constitue pas une menace. Notamment pour la santé des personnes; et ce, à la lumière de la propagation du Coronavirus.
En effet, intervenant, hier 20 mai 2020, sur les ondes de Mosaïque FM, il est revenu sur le sujet pour recadrer et éclairer les déclarations du ministre de la Santé. « Ses propos ont été mal interprétés, car il voulait dire que le danger réside uniquement dans l’encombrement des plages et non dans l’eau ». Assurant à l’occasion que ce sont « les lacs et les rivières qui présentent un danger. Compte tenu de la possibilité d’incubation du virus ».
Et d’ajouter: « Je peux vous confirmer que les plages tunisiennes sont actuellement parmi les plages les plus sûres dans le monde ».
Certes, l’attitude du ministre est tout à fait louable puisqu’il cherche à sauver ce qui reste de la saison touristique. Tout en arguant que de nombreux touristes étrangers souhaitent venir en Tunisie pour ses plages cristallines. Ainsi que son succès incontestable dans la gestion de la crise du Coronavirus.
Alors? Manque de coordination entre les ministres? Amateurisme, cacophonie et défaillance au niveau de la communication? En tout cas, Elyes Fakhfakh, Chef du gouvernement, serait bien inspiré de donner un tour de vis à son équipe.