Le Directeur Général de AMI Assurances Skander Naija prévoit une baisse du chiffre d’affaires du secteur de l’assurance en Tunisie. Et ce, lors de son intervention dans le cadre d’un Webinaire sur «Le secteur des assurances face au Covid-19», organisé par l’Association des Tunisiens des Grandes écoles (Atuge).
Pour lui, il s’agit d’une première baisse historique dans le secteur des assurances. Pourtant, le secteur a enregistré des évolutions de 7 à 10% en moyenne durant les dix dernières années. « C’est une problématique assez sérieuse, car on a des coûts fixes assez élevés et des équipes », dit-il.
Dans le pire scénario, « nous avons prévu une baisse de 15% du chiffre d’affaires », regrette-t-il. Sur un ton rassurant, Skander Naija affirme que la situation sanitaire s’améliore et le confinement n’a duré qu’un mois et demi pour pouvoir revenir vite.
« Pour certains, on a beaucoup perdu du chiffre d’affaires durant ce mois et demi et la crise économique qui va suivre va aussi nous faire perdre énormément », étaye-t-il.
Pour le directeur général de la compagnie d’assurance, vu cette situation, il est difficile d’établir le bilan. Il affirme que plusieurs compagnies ont réalisé des études d’impact. « Pratiquement, toutes les compagnies affichent des baisses de résultats qui peuvent être significatives », précise-t-il
Sur l’aspect Assurance santé, l’intervenant affirme que la consommation en termes de soins de santé a énormément baissé. Cette situation est due au confinement. Même les patients avaient peur de consulter leurs médecins. Et ce, afin de ne pas être contaminé par le virus. L’intervenant fait savoir que la baisse était prévisible depuis le mois de mars. Mais la reprise se fait actuellement, d’après lui. « Mais nous ne connaissons pas les tenants et les aboutissants de la suite», lance-t-il.
Quels enseignements post-crise pour le secteur des assurances en Tunisie?
Répondant à une question relative aux enseignements du Covid-19, Skander Naija affirme que la façon d’opérer va changer par rapport à avant.
Car, pour lui, cette situation est un véritable tremplin pour accélérer tous les projets de digitalision au sein des compagnies. Il cite le recours au télétravail et l’accès au système à distance pendant cette période. Et ce, avec des plateformes électroniques qui ont permis aux collaborateurs de régler les sinistres. « Ce qui est sûr pour nous c’est que nous allons poursuivre l’expérience du télétravail », affirme-t-il.
Dans ce volet, Skander Naija affirme que la compagnie mettra en place un système. Lequel permettra aux collaborateurs de travailler en télétravail quelques jours pendant le trimestre. Egalement, cette expérience a montré que les réunions peuvent se faire à distance. Par ailleurs, l’importance des réseaux sociaux n’est plus à démontrer. Car les clients ont envahi les pages des compagnies durant le confinement.
En outre, il affirme que les compagnies d’assurances réfléchissent à un modèle d’assurances adapté aux pandémies. Et ce, en collaboration avec l’Etat.
Le Directeur Général de AMI Assurances Skander Naija affirme que l’essentiel des branches du secteur reste l’assurance automobile. Cette dernière représente plus de 45% du C.A. Et d’ajouter que l’assurance vie demeure une activité principale étant donné qu’elle est autant que l’assurance automobile obligatoire puisqu’elle couvre les crédits bancaires. L’intervenant cite, également, l’assurance contre les incendies qui est obligatoire pour les entreprises.
Pour des produits plus riches et diversifiés
L’intervenant fait constater que plus des trois tiers des produits de l’assurance qui se vendent sont des produits obligatoires. Pour lui, les professionnels du secteur doivent faire preuve d’imagination et de créativité. Et ce, afin de concevoir de nouveaux produits et canaux de distribution. D’ailleurs, il recommande l’enrichissement des produits obligatoires par des garanties nouvelles et innovantes.
Par ailleurs, Skander Naija indique que la part de l’automobile est en train de baisser. Car « depuis des années on assiste à l’émergence de l’assurance vie en deuxième position, et ce, pendant les trois dernières années. Il fut un temps où l’assurance maladie se taillait la part du lion » lance-t-il. Pour lui, l’émergence de l’assurance vie est le résultat du travail des banques assurances sur l’aspect épargne.
Les professionnels du domaine se doivent de développer d’autres branches
« L’une des questions les plus importantes pour nous aujourd’hui c’est comment faire grandir ce gâteau », s’interroge-t-il. Et de continuer : « L’enjeu aujourd’hui c’es de tripler et même quadrupler le chiffre d’affaires des assurances pour accroître la protection financière des opérateurs économiques ».
Pour lui, le rôle des assureurs est également apporter aux ménages et aux entreprises de la sécurité financière. « Quand on dit aujourd’hui que les assureurs paient environs 1,3 milliard de dinars, c’est un chiffre qui est assez conséquent et qui pourrait doubler ou tripler. Donc on doit être un amortisseur de choc pour les acteurs économiques », étaye-t-il.
L’intervenant affirme que le développement de l’assiette actuelle permet de récolter plus de fonds qui seront mis à la disposition des acteurs économique pour financer l’Etat et les entreprises et de jouer le rôle d’investisseur institutionnel. Il affirme que le secteur fait un placement de six milliards, qui pourrait tripler voire plus.
Baisse drastique des sinistres mobile
Par ailleurs, Skander Naija affirme que l’impact de la sinistralité mobile est très clair. Même si ’il n’est pas possible pour le moment de le chiffrer. Cependant, il affirme que les entreprises d’assurance ont enregistré une baisse drastique des sinistres pendant la période des quatre semaines du confinement et généralement au bout des six semaines.
« C’est un impact positif mais on ne sait pas comment la situation va se développer car le tarif des assurances automobiles est réglementé et régulé ». Explique-t-il.
« D’ailleurs, pratiquement toutes les compagnies d’assurances perdent de l’argent sur l’assurance pure. On se rattrape un peu grâce aux placements financiers qui vont prendre un sacré coup ». Et de continuer qu’à cause de cette situation « on ne sait pas vers quelle voie nous allons nous orienter », lance-t-il. Ainsi, Skander Naija affirme que la prudence et l’attente sont de mise.