« Le projet de loi sur le crowdfunding présenté en février 2020 à l’ARP pour adoption n’est pas très ambitieux. D’autant plus que l’outil de don, un des outils de crowdfunding, n’est pas prévu dans ce projet de loi ». C’est ce qu’indique le ministre de l’Industrie et des PME, Salah Ben Youssef.
Ainsi, le ministre intervenait dans un webinaire, organisé jeudi sur le financement participatif. Il avait pour thème « Le crowdfunding: mécanisme de financement innovant post crise ».
A cet égard, le ministre a précisé que ce projet de loi a prévu uniquement deux outils dans ce mode de financement innovant pour la Tunisie. A savoir: le prêt et de l’investissement (participation au capital). De ce fait, M. Ben Youssef a fait remarquer que ce projet de loi compte comme un premier pas. Puis le champ d’application sera ouvert pour introduire l’outil de don. A travers une plateforme dédiée aux porteurs des projets capables de lever des fonds auprès des proches et des amis.
« Le mécanisme de crowdfunding est indispensable pour faire face au problème de financement des entreprises tunisiennes. Notamment durant cette conjoncture difficile de crise, déclenchée par la pandémie Covid-19. Mais il faut le mettre en œuvre très rapidement. Car l’identification des financements est une question de vie ou de mort pour certaines entreprises et pour tout le tissu économique. D’autant plus que le financement classique ne peut pas donner satisfaction à toutes les demandes », a-t-il dit.
Pour sa part Amor Bouzouada, directeur général de l’Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation (APII) a souligné que ce projet de loi ne présente que des généralités. En effet, il précise que les décrets d’application vont expliquer davantage les deux outils de crowdfunding prévus dans ce projet de loi, à savoir le prêt et l’investissement.
De plus, il indique que la BCT est l’autorité de régulation pour l’outil prêt qui est une forme de financement; à l’instar des banques. Et le CMF est l’autorité de contrôle pour le deuxième outil de crowdfunding, celui de l’investissement (la participation capital).
Pays en développement : un potentiel estimé à 96 milliards de dollars
De son coté, Arnaud Poissonier, fondateur de la plateforme crowdfunding, Babyloan.org a relevé que le potentiel du crowdfunding pour les pays en développement est estimé à 96 milliards de dollars. Et d’ajouter que la part de la Tunisie de ce potentiel s’élève à 2 milliards 500 millions de dinars. Et ce, selon une étude élaborée par la Banque Mondiale.
M. Poissonier a présenté une étude sur le rôle du crowdfunding comme instrument de la relance économique tunisienne post-Covid-19. Il a précisé que les trois outils de crowdfunding sont divisés en deux grandes familles: celle des outils de crowdfunding épargne (le prêt et l’investissement); et les outils d’auto-collecte (don et don-récompense).
« Ainsi les sites de crowdfunding épargne cherchent des épargnants. Ils s’attellent à les convaincre qu’il y a un nouveau outil d’épargne. Ils leur propose de prendre une partie de leurs épargnes pour les placer sur des plateformes de financement projet. Avec un espoir fondamental de retour sur investissement, a-t-il expliqué.
En outre, M. Poissonier souligne que ces plateformes sont destinées principalement aux entreprises pérennes et durables. Il a mis l’accent sur le taux d’acceptation du financement de ces entreprises à travers ce mode. Il est compris entre 1% et 5%.
Se doter de l’outil don-récompense
Pour ce qui est des outils de crowdfunding d’auto-collecte (le don et don récompense), c’est le fait de proposer au porteur de projet l’utilisation de la plateforme de crowdfunding pour lever l’argent essentiellement autour de lui, auprès des proches et des amis. De ce fait, la plateforme sera un facilitateur pour le porteur de projet. Cet outil est plus efficace. Car il est destiné à tout porteur de projet. Et ce, en permettant de financer une affinité de typologie de projets (entreprise, culturel, sportif et de lancer une startup).
Ainsi, M. Poissonier se dit convaincu que la Tunisie doit se doter de l’outil don-récompense pour que le système de crowndfunding soit efficace.
A cet égard, il a rappelé que certains sites étrangers ont déjà financés 100 projets tunisiens tous en don récompense d’une valeur de 300 000dt. Sachant que le nombre total des dossiers déposés atteint les 3000 dossiers.
Contribuer à une relance post-covid
Par ailleurs, le crowdfunding de don récompense contribue à absorber le chômage des jeunes avec un taux de 33% en Tunisie. Et ce, à travers le financement des projets personnels, la création des startup. Ainsi que le refinancement du microcrédit.
Au final, le crowdfunding contribue à une relance en Tunisie post-covid. D’autant plus que ce mode de financement est l’allié de tout porteur de projets. Il dynamise le tissu économique national et local. Le crowdfunding booste les startup et les entreprises; tout en favorisant la création d’emplois.
En 2019, le montant collecté par le crowdfunding (tous outils confondus) dans le monde était de 34 milliards de dollars.
Avec TAP