La tenue d’une session plénière après l’Aïd pour l’examen d’une demande d’audition de Rached Ghannouchi par le bureau de l’ARP, est une nette victoire pour Abir Moussi, la bête noire d’Ennahdha.
Les dirigeants de Montplaisir ont-ils décidé de plier l’échine face à la tempête qui n’a cessé d’enfler sous le dôme du Parlement. Y a-t-il menace de destituer leur chef historique, ou de reculer pour mieux rebondir le moment opportun ?
Une victoire sans appel
Dans tous les cas de figure, l’annonce officielle de la tenue d’une session plénière le 3 juin pour l’examen d’une demande d’audition du président du Parlement, Rached Ghannouchi, par le bureau de l’ARP, constitue une victoire sans appel pour le Parti Destourien Libre et sa présidente Abir Moussi, la bête noire d’Ennahdha.
En rembobinant les faits, on s’aperçoit qu’une demande d’audition en séance plénière avait été présentée par le bloc du Parti destourien libre, avec une motion qui « exhorte l’ARP à s’opposer à toute ingérence étrangère en Libye et à la création d’une base logistique sur le territoire tunisien pour favoriser cette intervention ».
Cette demande fut rejetée le 7 mai par la première vice-présidente de l’ARP, Samira Chaouachi. Selon ses dires elle est dépourvue de « base juridique ».
Mais, face à ce refus, le bureau politique du Parti destourien libre a opté pour l’escalade. Il a décidé d’un sit-in au Parlement et d’une grève de la faim progressive.
De plus, il a également été décidé de signer une pétition populaire pour auditionner Rached Ghannouchi. Ce qui permettra d’entamer une demande de retrait de la confiance du président du parlement.
Un soutien inopiné
Grosse surprise et contre toute attente, cette démarche fut soutenue par les blocs parlementaires de la Réforme nationale, de Tahya Tounes, de Qalb Tounes et d’Al Mostakbal. Un communiqué dans ce sens a été rendu public, jeudi 22 mai pour dénoncer « des contacts étrangers suspects entretenus par le président de l’ARP avec d’autres pays, notamment la Turquie et le Qatar ».
Pour rappel, ces partis ont emboîté le pas à d’autres partis parlementaires. Ceux qui avaient également dénoncé, mercredi 21 mai dans un communiqué commun « ces contacts suspects ». Il s’agit en l’occurrence du Attayar el-Chaâbi, Mouvement Tunisie de l’avant, le Parti national démocratique socialiste, le Parti des Travailleurs et du Pôle démocratique el-Qotb.
Des lourds griefs
Pour les signataires de ce communiqué conjoint très dur aussi bien dans le ton que sur le contenu : « Rached Ghannouchi a outrepassé les institutions en les impliquant dans le conflit libyen et enfreint les coutumes diplomatiques tunisiennes après l’entretien téléphonique qu’il a eu avec le chef du Gouvernement d’entente nationale de Libye Fayez Sarraj . En plus, il s’agit d’ingérence flagrante dans les prérogatives du président de la République ».
Nul doute que les débats du 3 juin seront houleux à propos de sujets si clivants et polémiques. Reste à savoir si ce corps à corps finirait par une victoire aux points ou par KO technique ?