Lors de sa présentation des vœux au peuple tunisien, à l’occasion de l’Aïd, le chef de l’Etat délivrait un message. En effet, il y affirmait qu’il n’y avait « qu’un seul et unique président; qui représente la Tunisie à l’intérieur comme à l’extérieur ». Ce message codé est directement à l’intention de Montplaisir, accusé d’ingérence illégale dans le conflit libyen.
Pourtant, le parti islamiste Ennahdha ne semble pas en avoir cure, puisqu’il persiste et signe. En dépit de la réprobation générale de la part de l’opinion publique et de la classe politique dans son ensemble. Et ce, suite à son ingérence partisane dans le conflit libyen, domaine traditionnellement réservé du chef de l’Etat.
Ainsi, à la veille de l’Aïd el-Fitr, dans la soirée du samedi 23 mai 2020, le mouvement Ennahdha rendait public un communiqué. Il intervient à la suite de la réunion de son bureau exécutif présidée par Rached Ghannouchi.
Car, lors de cette réunion, il a été procédé à: « l’examen de la situation politique générale dans le pays; des efforts déployés pour la lutte contre la pandémie Covid-19; et des mesures gouvernementales prises pour limiter ses répercussions sur les scènes économique et sociale. »
Ghannouchi persiste et signe
Dans le même communiqué, le Bureau exécutif dénonce les campagnes de dénigrement qui vise les dirigeants d’Ennahdha et principalement son président Rached Ghannouchi. Et ce, à travers « les rumeurs et les mensonges, dans une tentative de diversion. Ces manœuvres portent atteinte au processus de transition démocratique. Et entravent l’achèvement de l’installation des institutions dont la Cour Constitutionnelle ».
Par ailleurs, une entrée en matière formulée en langue de bois pour passer au plat de résistance. A savoir que: le Bureau exécutif « réitère ses félicitations au gouvernement de l’Union nationale de Fayez Sarraj. Pour avoir réussi à reprendre le contrôle d’une grande partie des territoires libyens où il va instaurer la paix et la sécurité. »
En outre, notons que ce communiqué vient s’ajouter à l’entretien téléphonique très controversé du 19 mai. Lequel réunissait Rached Ghannouchi et le président du Conseil libyen. Une malheureuse initiative de la part du président de l’ARP. D’ailleurs ses détracteurs la décrivent comme une intrusion illégitime dans des institutions de la République; et ce, dans l’épineux conflit libyen. Telle une entorse aux us et coutumes diplomatiques et flagrante ingérence dans les prérogatives du chef de l’Etat.
Coup de griffe
Entre temps, et lors de son discours prononcé dans la soirée du 23 mai pour présenter ses vœux au peuple tunisien à l’occasion de l’Aïd, le chef de l’Etat Kaïs Saïed n’avait pas manqué cette occasion pour tacler le cheikh de Montplaisir. En martelant avec son style pompeux et ampoulé que ce pays « a un seul et unique président qui le représente à l’intérieur comme à l’extérieur du pays ». Un coup de griffe et un message codé à celui qui exerce une diplomatie parallèle au nom d’une prétendue diplomatie parlementaire.
Et d’ajouter: « Certaines personnes sont en proie à la nostalgie et rêvent d’un retour en arrière; d’autres sont préoccupées par leurs ambitions personnelles et certains ont pris l’habitude de l’hypocrisie, du mensonge et de la diffamation. Ceux qui préparent le terrain à l’anarchie et allument le feu, seront les premiers à en brûler », a-t-il menacé.
Appel au calme
Juste après le discours présidentiel, c’était au tour du président de l’ARP Rached Ghannouchi, de présenter ses vœux aux Tunisiens.
Dans une courte allocution, le chef d’Ennahdha semblait vouloir calmer le jeu. Ainsi, il déclare: « Nous appelons au calme, au consensus et au resserrement des rangs. Le peuple tunisien est le plus uni dans le monde arabe. Nous devons poursuivre notre chemin après cette crise pour nous occuper des plus pauvres, pour assurer le développement et garantir la justice sociale. »
Une réponse habile adressée au Chef de l’État qui lui a lancé plusieurs piques. Se faisant passer de ce fait pour un responsable sage, pondéré et soucieux du bien-être du peuple. Face à un président de la République, plutôt « agité » et qui ne fait que « brasser le vent »…