Comment sont perçus les vœux du président de la République, Kaïs Saïed? Ou encore, où en est la diplomatie tunisienne aujourd’hui? Mehdi Ghazzai, consultant en communication, dresse un état des lieux de la situation. Et ce, dans une déclaration exclusive à leconomistemaghrebin.com.
Ainsi, d’entrée de jeu, Mehdi Ghazzai souligne que « les discours à l’occasion de l’Aïd el Fitr sont généralement, comme on l’a vu avec les présidents précédents, une occasion pour un plaidoyer du bilan politique. Des discours qui sont devenus des formes convenues, voire attendues. Et donc le contraire même d’un discours subversif ».
Selon lui, la question à poser est alors comment « subverser » quand les vœux présidentiels ont cessé d’être subversifs?
Pour cela, selon lui, le président Kaïs Saïed et son équipe de communication ont concocté une recette. A savoir: la multiplication des allégories comme « ayant la maladie au cœur »; et « sera sûrement le premier à être brûlé par les flammes ».
Et poursuivre: « Ces allégories sont très utiles pour exprimer des idées à travers des images émises dans l’esprit des téléspectateurs et constituer des punchlines pour les retombées presse. »
L’emploi des antithèses: « Nous aurions pu répondre à tous ceux qui voulaient semer le trouble. Et notre réponse aurait été très forte. MAIS nous avons voulu faire primer l’éthique et les valeurs morales. » Ou encore: « La période précédente n’était pas propice à la présentation des projets de loi. MAIS nous avons toute une série de projets prête à être présentée. »
A cet effet, « Cette technique est très efficace car elle permet de créer un ascenseur émotionnel. On fait passer les auditeurs de la peur au soulagement, de la colère à la joie. Ce qui permet de saturer leurs cognitions », renchérit-il.
De ce fait, Mehdi Ghazzai note que l’utilisation du pronom “Ils” était très présente tout au long du discours. « Or, il y a une règle en rhétorique, il semble toujours plus intéressant de poser un acte fort quand on l’oppose à un contre modèle. C’est le premier stratagème de Schopenhauer, l’extension ou le “Straw Man”. Il consiste à exagérer ou inventer la position de l’adversaire, afin de pouvoir la réfuter aisément. Et donc, KS présente des projets de lois pour contrer “certains”. Le “Je” de KS et le “Nous” de l’alliance président-gouvernement s’opposent au contre modèle du “eux”. Tout ceci nous laisser prévoir un été particulièrement chaud…
Parlons de diplomatie!
Ce qui nous amène aujourd’hui à s’interroger sur un autre volet de la politique. A savoir l’avenir de la diplomatie tunisienne aujourd’hui?
A cette interrogation, Mehdi Ghazzai répond: « Une diplomatie à double, voire à multiples vitesses : un président qui remercie les Tunisiens à l’étranger mais qui depuis quasiment 6 mois, fait le choix de laisser 1 million d’entre eux résidents en France sans ambassadeur. Des milliers d’étudiants, de salariés, de femmes, d’enfants, de personnes âgées n’ont pas d’ambassadeur. Quel message pour un pays allié ?De plus, s’oppose un président du Parlement aux blocs parlementaires sur la position libyenne. »
Il conclut: « Une cacophonie générale régnante qui fait qu’on n’entend plus la voix du porte-parole légitime de la diplomatie tunisienne : le ministère des affaires étrangères.Et c’est pour cela que, avant de parler de communication, il faudrait commencer par harmoniser la communication interne et institutionnelle. «