Si on investit en Bourse, c’est que nous devons accepter la perte au même titre que les gains.
Les valeurs des sociétés n’évoluent pas au hasard. Ce n’est que le reflet de leurs valeurs futures. Et lorsque l’environnement rend les perspectives difficiles, la valorisation d’une boîte peut chuter en dessous de sa valeur nominale. Cette dernière n’a aucun rôle dans la détermination du prix d’une action, mais elle est symbolique dans l’inconscient des investisseurs. C’est comme s’il s’agissait d’un prix plancher, en deçà duquel l’action ne peut pas être vendue.
Mais la réalité est autre. Sur les 81 sociétés cotées, 11 ont des prix inférieurs à leur valeur nominale respective. Dans le jargon de la Bourse, on les appelle des penny stocks. Le groupe est composé d’AeTech, AMS, Electrostar, GIF, MIP, SERVICOM, SOMOCER, STIP, TGH, TUNISAIR et UADH.
Problèmes de la partie droite du bilan
Ces sociétés ont des facteurs en commun qui expliquent leur appréciation par le marché. Elles ont toutes un passif de bilan lourd et déséquilibré. Ce n’est donc pas un problème de génération de revenus, mais de solidité bilancielle.
Six entreprises ont des fonds propres négatifs selon les derniers états financiers publiés par chacune d’entre-elles. Le cumul s’élève à -708,779 MTND. Les cinq autres continuent à afficher des capitaux propres encore positifs (GIF, SERVICOM, SOMOCER, TGH et UADH).
Les chiffres effrayants ne s’arrêtent pas là. Neuf sociétés ont des résultats reportés négatifs. Seules UADH et SOMOCER échappent à cela. Au total, ces pertes sont de 1,284 MdTND, soit 7,7x leur capitalisation boursière totale fin mai 2020.
Côté endettement, l’encours de ces entreprises s’élève à 1,898 MdTND. Un chiffre qui n’inspire pas confiance quant à la capacité de remboursement dans la période à venir.
Besoin de cash
Ces valeurs représentent une partie du problème de la Bourse de Tunis et de son attractivité. Nous sommes un marché où l’investisseur individuel, très sensible à l’historique de chaque société, assure 67% des opérations d’achat.
La solution passe obligatoirement par une recapitalisation. Il faut injecter du cash, essentiellement par les actionnaires de référence. Leur engagement donnera un bon signal au marché. Et l’encouragera à suivre l’ouverture du tour de table à des investisseurs institutionnels; ou même une cession. Ce sont des pistes possibles.
Le meilleur exemple est celui de la SOPAT qui était, quelques mois auparavant, parmi ce groupe de penny stocks. Elle a pu s’en sortir grâce à l’engagement de son repreneur, le Groupe La Rose Blanche qui s’apprête à injecter 4 MTND au cours du mois de juin.
Depuis l’acquisition de la société, les travaux d’assainissement n’ont jamais cessé et plus de 23 MTND y ont été investis (hors opération en cours).
La société continue à afficher des fonds propres négatifs (-35,997 MTND fin juin 2019). Mais le marché apprécie l’engagement de son actionnaire et l’amélioration des performances opérationnelles.
Il suffit donc de signaler aux investisseurs qu’un plan de relance est là et de montrer du sérieux dans le traitement de ces problèmes. Cela passe également par la communication et le respect des délais de publication. Car nous avons encore des sociétés qui n’ont pas publié les comptes de 2018.
Le marché ne ment pas.