Ces dernières semaines, de très intéressants débats virtuels portent sur les opportunités que pourraient offrir les effets de la Covid-19 en Tunisie.
En effet, les opportunités de repositionnement du site, post Covid-19, sont bien réelles; mais il nous faut avoir les moyens de nos ambitions.
Sécuriser les activités des opérateurs
Car, le plus grand travail de marketing-pays peut être fait actuellement. Il consiste à sécuriser les investissements et les exportations que le pays a réussi à développer pendant la période pré Covid.
En effet, certaines activités connaissent depuis une dizaine d’années une croissance annuelle moyenne qui frôle les deux chiffres. Ce sont les industries mécanique, électrique et électronique (socle des filières des composants aéronautiques et automobile). Ainsi que l’écosystème des startup, du numérique et des niches dans le bio. Sans oublier le secteur de la santé. Tous ces secteurs précités connaissent une dynamique qui avait relativement peu souffert des effets post-révolution.
Ainsi, l’appui des opérateurs privés et surtout étrangers dans le maintien de leurs activités est actuellement le meilleur gage d’une visibilité plus grande à l’international.
Assurer une meilleure compétitivité logistique
Cependant, il est clair que nous ne pourrons ambitionner un repositionnement du pays qu’à travers une réforme de fond. Elle concerne les goulots d’étranglement du Port de Radès. Le représentant de la Banque mondiale à Tunis, dans une récente tribune, ne se soucie plus d’arrondir les angles…
Le nombre moyen de jours de rade au port de Radès a presque doublé en dix ans. Au cours de la même période, le pays a perdu plus de 40 places au classement de l’indice de performance logistique. Lorsque l’on sait que 80% de nos échanges de marchandises transitent par ce port, l’enjeu relève presque de la sécurité nationale…
Oubliée la construction des quais n°8 et 9. Oubliée la construction du serpent de mer qu’est devenu le port d’Enfidha. Se limiter à sécuriser tout d’abord les maigres voies logistiques actuelles sera un immense pas pour plus de compétitivité.
Exploiter la crise pour mettre en œuvre un réel aménagement du territoire et une « décentralisation » de l’investissement
La crise de la Covid-19 va encore plus exacerber les disparités qui existent entre les différentes régions du pays. Dans les mois à venir, voire au cours de toute la période 2020-2021, il ne faudrait pas trop compter sur des investissements greenfields (nouvelles créations). Mais plutôt sur des extensions d’investissements existants.
Les entreprises déjà implantées dans le pays sont beaucoup plus en mesure de s’intégrer dans les zones enclavées et d’assurer une dynamique d’inclusion.
Au-delà de la rétention, on gagnera à mettre en place un programme ambitieux d’appui financier, incitatif et fiscal pour l’extension d’entreprises tunisiennes comme étrangères.
La compression des recettes fiscales et les retombées de la crise sanitaire vont constituer un réel tsunami pour l’économie du pays. Mais sans une vision claire, des objectifs réalistes et une approche d’allocation des ressources pragmatique et ciblée, point de salut…