« Pour une relance post-Covid, les pays du Maghreb et d’Afrique du nord gagneraient à emprunter le chemin de la coprospérité et à jeter les bases d’une croissance économique partagée ». Estime l’ancien ministre de l’Economie et des Finances Hakim Ben Hammouda.
Hakim Ben Hammouda a participé à un webinaire organisé, mercredi, par l’AHK sur le thème « Le Maghreb face au COVID-19 : Impacts et opportunités pour l’économie ? ». Il a souligné que « les pays d’Afrique du nord sont confrontés, à cause de la crise sanitaire du coronavirus, à la plus grande récession depuis leur indépendance ».
« Face à cette absence de mémoire de gestion de crises graves, aux marges de manœuvres budgétaires réduites et à la faiblesse de l’appui international, ces pays ont opté pour des politiques conventionnelles. Celles-ci favorisent une approche comptable qui réduit la gestion de la crise à la gestion des grands équilibres macroéconomiques, avec pour seule variable d’ajustement la réduction de l’investissement public. Ceci pourrait aggraver davantage la crise » a-t-il ajouté.
Politiques économiques innovatrices
Toujours selon lui, « une relance post-Covid nécessite des politiques économiques innovatrices en rupture avec les anciens dogmes, davantage de courage et une remise en cause des chaînes de valeurs globales en faveur d’un retour vers des chaînes de valeurs plus régionales ».
« La globalisation telle qu’on l’a connue jusqu’aux années 2009-2010 n’est plus à l’ordre du jour. Nous nous dirigeons plutôt vers une globalisation tirée par les zones de croissance et les zones d’échanges ».
Hakim Ben hammouda pense, par ailleurs, « qu’en dépit de la situation pas très reluisante à très court terme, les pays du Maghreb et d’Afrique du Nord ont toujours des raisons d’espérer à moyen et long termes, si une logique de partage de croissance est favorisée ».
Pour le cas de la Tunisie, l’ancien ministre a souligné « que le pays a connu deux décennies de perdues en termes de politiques publiques. Mais il y avait cependant un secteur privé très dynamique qui a réussi à se distinguer. Toutefois, contrairement au cas marocain où la transition de l’économie vers des secteurs plus innovants a été prise en charge par les politiques publiques, le secteur privé tunisien n’a pas été porté par des politiques publiques claires. Et encore moins par des institutions financières capables de soutenir sa transformation.
L’après-Covid
Pour l’après-covid, Ben Hammouda a considéré que « les mesures d’accompagnement mises en place par le gouvernement restent insuffisantes. Un vrai plan de relance doit se faire en dehors de la sphère bureaucratique qui donne souvent lieu à des plans déconnectés de la réalité économique ».
« Pour les pouvoirs publics du pays, c’est maintenant l’heure de l’examen. C’est maintenant l’heure de mettre en place des politiques économiques en phase avec la réalité économique nationale et globale. C’est maintenant aussi l’heure de réfléchir à l’avenir longtemps sacrifié pour des considérations du moment ». A-t-il soutenu.
Pour sa part, le chef économiste et directeur de la recherche au Groupe Allianz, Ludovic Subran a indiqué que « la reprise post-Covid pour les pays du Maghreb dépendra de la pertinence, de la force et de la crédibilité des politiques publiques à mettre en place ». « Il faut faire attention aux faux départs ». A-t-il lancé.
Subran a, en outre, déclaré que « la Tunisie doit redoubler d’efforts pour profiter de la fenêtre qu’offre la crise sanitaire du coronavirus. Et ce en mettant en place une vraie politique d’accompagnement pour certains secteurs en termes de recherche et développement surtout, en redynamisant certains secteurs en sous-production et en saisissant les opportunités de co-développement ».
« La Tunisie devrait aussi réussir à faire valoir son capital humain. Et ce pour attirer les secteurs les plus « délocalisables ». Elle pourrait aussi penser à mettre l’accent sur une dimension verte. Celle-ci rendrait son économie beaucoup plus attractive au regard des nouvelles exigences environnementales ».
Avec TAP