Le coût du confinement consécutif à la Covid-19 est la préoccupation majeure de tous les pays du monde. La contraction du PIB en 2020 est donc mondiale. Soit -6% en Amérique du Nord, -6,7% en Europe et de -5,4% en Europe de l’Est. L’économie tunisienne devrait, quant à elle, se contracter de 4,3% en 2020. Et ce, suite à la pandémie.
Ce serait la récession la plus profonde depuis son indépendance en 1956. C’est ce qu’annonçait Dhafer Saidane, Pr SKEMA Business School et Membre du Conseil d’analyses économiques-Tunisie à leconomistemaghrebin.com.
Revenant sur le coût du confinement, Dhafer Saidane a affirmé que la contraction du PIB ne signifie pas la faillite du pays. D’ailleurs, selon le FMI, on peut noter qu’en Tunisie la croissance du PIB se rétablirait à +4,1% dès 2021. Notamment grâce à des mécanismes de refinancement dédiés. Comme les instruments de financement rapide (RFI- Rapid Financing Instrument) mis en place par le FMI.
Aussi, il a précisé que l’agilité des banques tunisiennes et la réactivité des autorités monétaires permettront d’amortir ce choc. Et ce, à côté des mécanismes de financement accéléré Covid-19. Essentiellement ceux mis en place par la Banque mondiale. Des prêteurs en dernier ressort et des fonds de financement sont en train d’être mobilisés. Afin de poursuivre les mesures urgentes et de grande envergure déjà engagées. En vue d’aider les entreprises à renforcer leur action contre le manque de financement.
Dans le contexte actuel de crise inédite, il est moralement inutile et intellectuellement limité, selon ses propos, de traduire la contraction de la croissance du PIB en unités d’emploi en moins même si cette issue paraît évidente. « Cette arithmétique de comptoir de café n’est pas souhaitable dans le contexte actuel », a t-il estimé.
Avantages extra-financiers
A cet égard, Dhafer Saidane a indiqué que le pilotage d’une politique économique doit s’inscrire dans la durée et s’appuyer sur une vision porteuse d’espérances. Il est clair que le coût du confinement consécutif à la Covid-19 sera largement compensé par :
- Une digitalisation au pas de charge. Les institutions tunisiennes ont réalisé un «Leapfrog» forcé ces derniers mois. Digitalisation, télétravail, webinaire, cours en ligne et autre plateforme d’échange… »Ces process en ligne et digitaux que l’on a dû mettre en place en un temps record dans nos banques, entreprises, administrations,…nous font faire d’immenses économies de coûts de transaction, de fonctionnement, de transport… », a t-il estimé. En ajoutant: « On a, en effet, assisté à une remarquable accélération des modes de production et de création en ligne et à une accélération des process conduisant sans doute à des « effets de productivité » inattendus. Ces gains socio-économiques sont à agréger à long terme et à comparer aux pertes ponctuelles et immédiates de court terme ».
- Une responsabilisation qui invite à changer notre mode de penser et à ouvrir les esprits dans nos organisations. « La RSE devient l’affaire de tous aujourd’hui. Tout risque opérationnel comme la Covid 19 affecte le bien-être de tous. Aucune partie prenante composant l’entreprise (employés, actionnaires, clients, banques…) n’a intérêt à fragiliser l’édifice qui nourrit la société et garantit de l’avenir ».
Au final, M. Saidane a déclaré que la Covid 19 a été une opportunité. Car, elle a permis d’accélérer la transition digitale et à mettre en évidence les avantages de la RSE. A travers notamment le traitement de la dimension sanitaire de la pandémie.
« Des économies de coûts par le digital et la RSE pour la société et toutes ses parties prenantes doivent être accompagnées par un changement de «mindset» et un renforcement de la formation. Cette mutation et ce changement de «logiciel» sont possibles. La société tunisienne est jeune, ouverte et apprenante. Tout reste à faire », conclut-il.