L’élu du parti des patriotes démocrates unifié Mongi Rahoui démissionne du Bloc démocrate à l’ARP.
Mongi Rahoui a pris cette décision suite aux positions contradictoires de ce groupe. Notamment à propos du projet de motion sur le refus d’ingérence des puissances étrangères en Libye.
On brouille et on redistribue les cartes: les observateurs s’attendent à un été chaud en Tunisie avec la recomposition inéluctable de la scène politique. Et ce, aussi bien à l’ARP que, par ricochet, au sein de la coalition gouvernementale d’Elyes Fakhfakh. Suite au rejet du projet de motion présenté par le PDL d’Abir Moussi sur le refus d’ingérence étrangère en Libye.
Schisme profond
A savoir que ce sujet officiellement lié à la politique étrangère, en l’occurrence la position du Parlement vis-à-vis du conflit libyen, fut au cœur d’un schisme profond au sein même de la coalition gouvernementale.
Ainsi, on a vu le Bloc démocrate qui regroupe principalement le Courant démocrate, le Mouvement du peuple et le Front populaire exploser en éclats. Attayar de Mohamed Abbou votant contre la motion avec Ennahdha et la coalition Al Karama. Alors que le Mouvement du peuple avait voté pour, s’alignant ainsi sur le PDL de Abir Moussi. Le comble!
C’est dans ce contexte clivant et lourd de conséquence sur le paysage politique que s’inscrit la démission du député Mongi Rahoui du bloc démocrate à l’ARP. Elle était annoncée hier dimanche 7 juin 2020, sur les ondes de la radio Express FM.
La goutte qui a fait déborder le vase
En effet, Mongi Rahoui a annoncé avoir déposé sa démission au bureau d’ordre de l’ARP. En arguant que dès le début, il y avait un accord pour préserver la liberté du vote au sein de ce bloc. Mais que les positions et politiques affichées par le bloc ne correspondent plus à sa ligne politique.
Pour le député démissionnaire, son appartenance au Bloc démocrate était de caractère technique. Les députés ayant des positions communes à propos de certains dossiers d’intérêt commun s’y regroupaient.
« Nous avons convenu, dès le début, qu’il s’agit d’un bloc technique. Cela signifie que le vote est libre et les interventions aussi. Je ne suis pas en train de faire une campagne pour la présidentielle de 2024. Je travaille sur les axes qui m’ont permis de devenir député. Je dois être fidèle à tout ce que j’ai adopté auparavant », a-t-il assuré.
Mais, a-t-il poursuivi « le sujet de la motion du rejet de l’ingérence étrangère en Libye a été la goutte qui a fait déborder le vase ». Faisant probablement référence au revirement de ses pairs dans le bloc démocrate outre l’appartenance de la plupart de ses membres aux partis au pouvoir.
Un avenir incertain
Par ailleurs, l’élu du parti Al-Watad (Parti des patriotes démocrates unifié) a indiqué qu’il a la possibilité d’intégrer un autre bloc parlementaire en cours de formation. Mais il a assuré que la question ne se posait pas pour le moment.
Mongi Rahoui n’a pas exclu qu’il rejoigne prochainement un autre bloc. Révélant que des consultations sont menées avec le chef du bloc national Hatem Mliki. Ce bloc réunissant d’anciens membres du parti Qalb Tounés, ayant démissionné de ce parti.
Rééquilibrage
Enfin, avec le probable éclatement du bloc démocrate, allons-nous vers un rééquilibrage au sein de la coalition gouvernementale? Avec l’exclusion d’Echaab et de Tahya Tounes et l’introduction de Qalb Tounes? C’est en tout cas l’ardent désir d’Ennahdha.