Fitch Rating a relevé la notation nationale à long terme d’Attijari Leasing à A-(tun) ainsi que celle à court terme à F2(tun).
Cette révision intervient en dépit de l’appréciation négative du risque souverain par l’agence de rating. La révision de la note n’est pas expliquée par une meilleure posture de la compagnie, mais plutôt par le recalibrage de l’échelle de la notation nationale tunisienne par rapport à celle internationale.
Raisons plutôt techniques
Le rapport de Fitch était assez sceptique puisqu’il considère que la probabilité de bénéficier du support de l’actionnaire de référence de l’ensemble du Groupe, Attijariwafa Bank, en cas de besoin reste faible. Le soutien du Gouvernement marocain à sa banque est certain vu l’importance de cette dernière dans le système financier du pays. Toutefois, il est peu probable qu’il se transforme en un soutien transfrontalier jusqu’à Attjari Leasing. Cette dernière n’est qu’un acteur de second rang en Tunisie, avec une part de marché de 13%.
Cela est derrière la dégradation de la notation de la dette subordonnée de la compagnie qui est passée à BB(tun), reflétant les mauvaises perspectives de recouvrement.
Une activité en berne
Rappelons que l’année 2019 n’était pas particulièrement bonne pour la filiale d’Attijari Bank, à l’instar du reste du secteur. Le résultat net s’est rétracté de 38,2% à 3,454 MTND. Deux facteurs ont été à l’origine de cette baisse : la hausse des charges financières de 9,2% à 41,791 MTND et le doublement du coût du risque qui a atteint 3,193 MTND. Cela traduit une dégradation de la qualité d’actifs, comme l’illustre le ratio de créances non performantes qui s’est établi à 10,58% fin 2019 (9,12% en 2018). Le taux de couverture par les provisions est resté stable à 64%.
Mais la notation reflète également le risque sur l’activité en 2020. Le premier trimestre a été marqué par une baisse de la production de 36,4% à 38,700 MTND. Le carnet de commandes n’inspire pas confiance pour les mois à venir. Les approbations ont effectivement baissé de 28% à 64,339 MTND. Les créances classées ont progressé à 63,203 MTND. Si ce sont les chiffres avant la crise de la COVID-19, quel serait le cas après ? C’est donc ce flou qui est en train de fragiliser les perspectives de l’ensemble du secteur.
Le soutien de la banque mère reste certain
La situation de l’industrie du leasing en Tunisie n’est pas nouvelle. Elle remonte à plusieurs années. Durant ces années, la compagnie n’a jamais fait défaut de paiement. Elle a continué à bénéficier du soutien de sa banque mère. Dans la structure de ses ressources, 59% de ses dettes sont d’origine bancaire, ce qui n’est pas très commun dans le secteur.
La fragilité de la qualité d’actif de la compagnie est historique. Elle remonte à l’époque de General Leasing. A cela, il faudra ajouter la bonne position d’Attijari Bank en termes de ratios prudentiels et qui continuera, à notre avis, à fournir son soutien à sa filiale.
Bien que l’appréciation de Fitch est rationnelle et est basée sur les chiffres publiés, nous pensons qu’il faut les mettre davantage dans le contexte local. N’oublions pas que la BCT ne permettra pas qu’un établissement de crédit fasse défaut, notamment dans le contexte actuel. Elle a d’ailleurs allégé son tour de vis réglementaire pour donner une bouffé d’oxygène à tout le secteur financier.
Les prêteurs peuvent donc continuer à prêter la compagnie sans grands soucis. Cela n’empêche pas de confirmer qu’une recapitalisation de la compagnie est plus que nécessaire.