Le rideau est tombé hier sur les travaux des commissions techniques, réunies pendant onze journées pour ausculter le corps de notre économie au lendemain de la pandémie et proposer une thérapie appropriée à débattre le 25 juin prochain devant l’Assemblée du peuple. Couverture.
L’Ecole nationale de l’administration a abrité hier après-midi les derniers travaux des commissions techniques désignées pour tracer les contours du plan de relance économique, annoncé le 2 juin dernier par le gouvernement Elyès Fakhfakh.
Ledit plan, faut-il le rappeler, a été dès son annonce articulé autour de sept points. A savoir l’impératif de renforcement de la souveraineté nationale et sa sécurité. La préservation du tissu économique ainsi que la relance des secteurs les plus touchés par la pandémie. En outre, il est question d’atténuer les méfaits de la bureaucratie par la digitalisation de l’administration. Lutter contre le travail précaire et solutionner les problèmes en suspens qui ont entravé la réalisation des grands projets. Sans oublier la lutte contre la corruption tout en rompant avec l’impunité.
Cette ultime séance – la onzième- a été dans sa plénière présidée par Lobna Jribi, ministre auprès du chef du gouvernement chargée des Grands projets. En présence de Mohamed Ali Toumi, ministre du Tourisme et de l’Artisanat et des représentants des spécialités programmées à l’ordre du jour.
Elle a été consacrée aux travaux de quatre secteurs, en l’occurrence le tourisme, l’automobile, l’aviation et le textile.
4 secteurs à l’examen
Dans son allocution d’ouverture, Lobna Jribi a mis en exergue l’intérêt accordé aux travaux des commissions surtout au niveau des lacunes et entraves constatées et les approches de solution à proposer. Elle a, en outre, insisté sur le fait que les 4 secteurs à l’examen en cette journée ont été sensiblement touchés par la crise aussi bien au niveau de leurs activités que de leur potentiel réel.
« Toutefois, a-t-elle fait remarquer, cette période de crise nous a permis d’apprécier l’esprit innovateur de nombreux opérateurs, des jeunes pour la plupart, et dans des secteurs porteurs, la robotique et autres. Il importe de continuer sur cette lancée et d’enrichir cet esprit participatif… »
Tourner la page de la crise
De son côté, Mohamed Ali Toumi a insisté sur la crise qui a secoué les secteurs dont il a la charge. Son impact planétaire est douloureux, devait-il remarquer. Et d’enchaîner : »Le secteur du tourisme a été au rendez-vous pour prêter main forte à l’effort national pour pallier les effets néfastes de la crise ».
« Faut-il citer à ce titre, les soixante-dix hôtels avec en totalité des milliers de chambres qui ont été consacrés au déconfinement … ». Le ministre a estimé que l’action du gouvernement a été salutaire à cet effet. En témoignent les décrets lois pris et les allègements décidés.
Et de conclure que le pays est en droit d’attendre des professionnels du secteur de jouer pleinement leur rôle pour redresser la barre en trouvant les solutions idoines qui, avec l’aide acquise de l’Etat, pourront tourner la page de la crise définitivement.
Les axes du plan
Les commissions techniques se sont par la suite réunies en ateliers pour tenter de proposer, en fonction des lacunes constatées, les actions à mener à l’échelle nationale. Lesquelles constitueront les axes du plan de relance économique escompté.
Les propositions présentées en fin d’après-midi, secteur par secteur, ont permis d’ apprécier la délicatesse de l’entreprise et surtout l’envergure des actions à mener impérativement. Et ce, sur le plan de la mise en évidence du programme d’action qui sera soumis à l’appréciation de l’ARP le 25 juin prochain.
Telle dans une fourmilière, les commissions techniques ont travaillé, scrutant tous les détails et balisant tous les chemins pouvant mener à une alternance positive dans les solutions à apporter.
Le résultat a été à l’image de l’attente et les remarques présentées ont brassé large dans l’auscultation de chaque secteur. Menu assez prometteur, en attendant d’être plus clarifié d’ici le 25 juin, date de sa présentation devant l’Assemblée des représentants du peuple.
Le canevas proposé pour le moment, bien que brassant large, donne une idée précise sur la nature des efforts à prodiguer pour le traduire en objectifs spécifiques à réaliser. Chaque secteur a, de la sorte, fait état des travaux des commissions. Il en ressort une liste appréciable des actions à mener dans le cadre du plan de relance économique.
Le secteur de l’automobile
Il a été remarqué qu’une plateforme interministérielle doit être créée pour développer le secteur et, par là même, inciter à enrichir les opportunités offertes potentiellement au secteur.
De même, il importe d’agir sur les charges sociales et patronales, ce qui aurait pour impact d’alléger la charge des entreprises. De nombreuse propositions techniques ont été avancées dont :
- Encourager les entreprises à produire si possible les pièces de rechange en Tunisie;
- Plaidoyer pour repositionner la Tunisie dans la région Europe pour la production automobile;
- Permettre le départ à la retraite anticipée pour les plus de 50 ans;
- Digitaliser les procédures;
- Assimiler les industries de substitution aux importations à des industries exportatrices;
- Accélérer le processus de déblocage au niveau des zones de lenteur recensées;
- Réhabiliter les services du Port de Radès;
- Réhabiliter les services des quais de Bizerte et création même du port de Bizerte;
- Accélérer la concrétisation des quais 8 et 9 ainsi que la zone logistique du port;
- Prise en charge des frais de loyers des usines destinées à l’extension;
- Revoir les plafonds des incitations destinées à la recherche…
Secteur aviation (aérodynamique)
Secteur de pointe qui a mobilisé tous les membres de la commission comme en témoignent les idées avancées :
- Améliorer la communication entre les entreprises implantées en Tunisie;
- Débloquer les aides de financement aux sociétés offshore de 100% de droit tunisien;
- Réactiver la loi 2008 relative aux entreprises offshore (reconversion des charges patronales en salaires);
- Former des compétences pour assurer le maintien des emplois;
- Assurer la formation des métiers opérationnels;
- Gestion des déchets pour améliorer la compétitivité;
- Généralisation des avantages sous douane des entreprises du parc EL Mghira à toutes les entreprises du secteur.
Secteur du textile
- Réactiver le pacte du secteur du textile;
- Octroyer provisoirement des avantages fiscaux;
- Rééchelonner les créances fiscales et les caisses de sécurité sociale;
- Abaisser les charges douanières et ce dans le but d’intégrer le secteur informel;
- Activer les processus liés à la TVA (suspension des procédures judiciaires);
- Régler la question des créances douanières;
- Inciter l’apport des investissements étrangers;
- Faciliter l’octroi des autorisations;
- Lutter contre les contrefaçons en activant les opérations de contrôle par la mise en place d’un numéro vert;
- Accentuer le contrôle dans le secteur de la fripe;
- Assouplir les procédures avec la BCT pour encourager la concurrence dans le secteur du textile….
Secteur du tourisme et de l’artisanat
Le secteur se trouve actuellement confronté à trois défis, en l’occurrence l’impératif de la visibilité, celui de la variété du produit touristique et l’impératif de la durabilité des entreprises. Pour cela, une série de propositions a été faite.
- Création d’un conseil supérieur du tourisme sous la tutelle du chef du gouvernement;
- Harmoniser les textes juridiques en fonction de la nature de l’activité touristique;
- Simplification des procédures relatives au changement juridique des entreprises touristiques fermées ou en difficulté (changement en grand projet);
- Accélération de l’application des mesures décidées par les décrets-lois, particulièrement celles à caractère social et financier;
- Unifier les taux de la TVA;
- Réviser les textes organisant les métiers touristiques…