Ernst & Young a organisé récemment un webcast sur le « Baromètre EY de l’attractivité de l’Europe post-Covid19 : implications et enseignements pour l’économie tunisienne ».
93% des chefs d’entreprise interrogés dans le cadre de ce baromètre estiment que la crise conduira à un repositionnement de leur Supply chain. En Europe central et en Afrique.
Selon les résultats du baromètre, il s’agit plus que d’une relocalisation massive en Europe des chaînes de valeur mondiale. Les dirigeants envisagent une régionalisation. Qui inclut le Maghreb.
Pour Mounir Ghazali Partner EY Tunisie, il s’agit d’une réelle opportunité de développement pour les industries tunisiennes. Notamment à travers la captation des flux à relocaliser mais les pouvoirs publics doivent en profiter pleinement.
« On estime l’impact de la crise en termes de croissance en Tunisie à -4,3%. A mi-chemin entre les impacts subis en Europe et en Afrique subsaharienne ». Rappelle, Mounir Ghazali. Pour lui, les résultats du baromètre sont fortement corrélés avec la situation sanitaire des régions. Et des mesures entreprises par les gouvernements pour contenir le virus.
Et d’ajouter que les secteurs les plus touchés par cette crise sont les secteurs de l’électrique, de la mécanique et du textile. Lesquels attirent le plus d’IDE industriels en Tunisie. Et sont en conséquence fortement impactés par la crise que traverse notre principal partenaire économique.
Mondialisation fragmentée
Noureddine Hajji, Associé et directeur général EY Tunisie, a déclaré que le baromètre de l’attractivité de l’Europe a confirmé les intuitions des experts et des spécialistes. Notamment quant au phénomène de la mondialisation fragmentée. Celle-ci conduira à un repositionnement des chaînes de valeur mondiales.
Slim Azzabi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, a affirmé que le gouvernement est en train de tourner la page de cette crise…
En effet, « le peuple tunisien peut être fier de la manière dont a été gérée cette crise…Notre pays a été à la hauteur de ces enjeux en prenant les bonnes décisions au bon moment », ajoute le ministre.
Marc Lhermitte, Partner EY Paris, a déclaré que 90% des dirigeants interrogés envisagent un changement majeur dans leurs projets d’investissements en 2020.
Challenges à relever
Pour Sami Zaoui, Partner Ey Tunisie, le contexte actuel a mis en lumière trois principaux challenges auxquels doivent faire face les entreprises tunisiennes.
Il s’agit d’abord de la modernisation. En effet, la digitalisation est le principal virage restant à prendre pour les entreprises tunisiennes… Celles-ci doivent dès à présent se positionner sur les nouvelles technologies (la réalité augmentée…). Et ce, pour être prêtes au passage à l’industrie 4.0.
Puis, le deuxième challenge est la croissance externe. Pour Sami Zaoui, la composante internationale demeure primordiale pour le développement du tissu industriel tunisien. Le troisième challenge post-Covid19 consiste à savoir se vendre à l’international.
Au final, Amine Ben Ayed, directeur général de Misfat Tunisie, a souligné que la Tunisie est l’un des pays les plus compétitifs au monde. « Nous n’en sommes pas conscients au sein de nos propres frontières ». A-t-il regretté.