Slim Azzabi réagissait à la polémique sur une éventuelle baisse des salaires et des pensions de retraite dans le secteur public. Ainsi, le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération Internationale, écarte l’idée que le gouvernement soit dans une logique d’austérité.
Le pavé lancé dimanche dernier dans la mare n’a pas fini de faire des vagues; en provoquant une levée de boucliers dans le pays. Et ce, après l’interview télévisée accordée dimanche dernier par le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh à la chaîne privée Attessia. En effet, il n’y excluait pas « une réduction des salaires des fonctionnaires et des pensions de retraite. Si l’hémorragie n’était pas stoppée et si des réformes audacieuses n’étaient pas prises à temps ». Elle a créé une onde de choc dans la classe politique peu habituée au langage cru de la vérité. Celle dont on préfère, telle une autruche, se détourner. Laissant augurer de l’application d’une politique d’austérité.
Vers une politique d’austérité?
Alors, s’agit-il pour le gouvernement de préparer l’opinion publique à la nécessité de « réformes douloureuses »; en appliquant une sévère politique d’austérité? Où on demande aux citoyens déjà essorés par la crise économique de serrer plus la ceinture?
« La Tunisie n’est pas encore arrivée à ce stade. L’actuelle situation ne ressemble en rien à une politique d’austérité. Puisqu’il n’y a pas eu de licenciements ni de réduction des salaires. Mais avouons que les finances publiques sont dans un état critique ». C’est ce qu’affirmait, mercredi 17 juin, le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, Selim Azzabi. Et ce, lors d’une étude présentée sur l’impact de la crise du coronavirus sur l’économie nationale.
« Effet de choc »
Même son de cloche de la part de la porte-parole du gouvernement Asma Shiri. Quand elle revenait mardi 16 juin sur la polémique soulevée par le chef du gouvernement. « La politique d’austérité n’est pas à l’ordre du jour du gouvernement. Elle ne fera pas partie de ses plans. D’autant plus que M. Fakkfakh a juste voulu provoquer un effet de choc », affirmait-elle sur les ondes de Mosaïque FM.
Avant d’ajouter que le problème du relèvement du pouvoir d’achat des Tunisiens, dont les 800.000 fonctionnaires de l’État, était « l’une des priorités absolues du gouvernement; notamment en ce temps de crise ». Mais, soulignait-elle, « la situation financière délicate du pays ne permet pour l’instant pas d’envisager une action dans ce sens ».
Le niet de l’UGTT
Cependant, ce discours, qui caresse l’opinion publique dans le sens du poil, est à l’extrême opposé de celui tenu par le SG adjoint de l’UGTT. Effectivement, Hfaiedh Hfaied s’oppose fermement à toute réduction des salaires dans la fonction publique. Déjà, il soulignait, le lundi 15 juin, que la centrale syndicale « s’oppose à toute réduction de salaires envisageable dans le cadre de la politique d’austérité ». En réitérant le refus de « toute politique unilatérale du gouvernement qui pourrait porter atteinte aux droits des salariés ».
C’est donc à se demander, devant ce bras de fer qui s’annonce avec la puissante centrale syndicale, si le chef du gouvernement n’a pas lancé un ballon d’essai. Et ce, pour sonder ses partenaires sociaux; avant de s’engager dans une politique d’austérité, certes nécessaire, mais terriblement impopulaire.