Le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, a décidé de vendre ses actions à une société faisant partie d’un groupement d’entreprises qui traite directement avec l’Etat pour éviter tout conflit d’intérêts, a annoncé Mohamed Abbou, ministre d’Etat auprès du chef du gouvernement, chargé de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption.
Lundi, auditionné par la Commission de la réforme administrative et du contrôle de la gestion de l’argent public (commission spéciale), Abbou a indiqué qu’Elyes Fakhfakh a cédé ses actions. Et les a confiées à une autre personne pour la gestion. Conformément à l’article 18 de la loi n° 2018-46 du 1er août 2018. Portant déclaration des biens, des intérêts et de la lutte contre l’enrichissement illicite. Et le conflit d’intérêts dans le secteur public.
« Cette décision clôt définitivement ce dossier », a-t-il déclaré. Précisant qu’Elyes Fakhfakh l’a chargé d’annoncer la cession de ses actions. Et d’éclairer l’opinion publique à ce sujet.
Le ministre a fait part de la disposition d’ouvrir une enquête sur cette affaire en cas de suspicion de corruption, estimant que « le conflit d’intérêts en soi n’a rien à voir avec la corruption ».
Et de souligner « la volonté du chef du gouvernement et des membres de son cabinet de gagner en crédibilité à travers l’application et le respect de la loi ».
Rappel des faits et zoom sur un éventuel conflit d’intérêts. Pour sa part, Badreddine Gammoudi, président de la commission de la réforme administrative, a déclaré, à l’issue de la séance d’audition de Abbou, que les membres de la commission se sont engagés à faire le suivi du dossier du chef du gouvernement concernant le conflit d’intérêts.
Elyes Fakhfakh avait déclaré, dimanche 14 juin, dans une interview diffusée en direct par la chaîne privée Attessia, qu’il avait des actions à hauteur de 20% dans une entreprise opérant dans le secteur de l’environnement, ayant un contrat avec l’Etat, estimant que posséder des titres dans cette société ne relève pas d’un conflit d’intérêts.
Les déclarations d’Elyes Fakhfakh avaient suscité une polémique. Dans la mesure où garder ses actions dans la société est assimilé à un conflit d’intérêts. Et constitue une violation des articles 18 et 20 de la loi n°2018-46. Portant déclaration des biens et des intérêts et de la lutte contre l’enrichissement illicite. Ainsi que le conflit d’intérêts dans le secteur public.
L’Inlucc à l’autre bout de la ligne, Elyes Fakhfakh rectifie le tir
Le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc), Chawki Tabib avait annoncé avoir reçu une notification de la part du député Yassine Ayari sur une suspicion de corruption et un conflit d’intérêts contre le chef du gouvernement.
Il a annoncé l’ouverture d’une enquête à cet effet, soulignant que Fakhfakh devrait céder ses actions dans l’entreprise.
De son côté, Ayachi Hammami, ministre des droits de l’Homme, des relations avec les instances constitutionnelles et de la société civile, avait déclaré, le 19 juin, dans une déclaration médiatique que le chef du gouvernement a engagé les procédures pour la cession de ses actions.
Fakhfakh avait fait une déclaration de ses biens le 27 février dernier, auprès de l’Inlucc tout en gardant ses actions dans la société en question.
Avec TAP