Interrogé, le 29 juin 2020, par notre confrère Attessia Tv, le secrétaire général de l’UGTT n’est pas allé par quatre chemins pour tirer la sonnette d’alarme au sujet du vécu des Tunisiens. Un entretien dans lequel il a souligné que le paysage politique se doit d’assumer ses responsabilités.
« Le toit nous est déjà tombé sur la tête ». Le constat de Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), est on ne peut plus alarmant quant à la situation générale du pays. Invité de l’émission « Rendez-vous 9 » sur Attessia Tv, le 29 juin 2019, il n’a pas manqué de tirer la sonnette d’alarme. Chômage, pauvreté, drogue, désœuvrement, dépravation du climat politique,…le pays est en somme en perte de vitesse. « Nous avons perdu la boussole », a-t-il notamment dit.
Une situation inquiétante pour la Tunisie. Qui ne peut compter, a-t-il souligné, que sur ses ressources humaines. « La Tunisie ne possède pas d’autre richesse que celle de ses forces vives », a-t-il insisté. D’où le sens de l’initiative « historique ». Prise par la principale centrale syndicale du pays en vue d’adresser une lettre aux trois présidents. En vue d’attirer leur attention sur la gravité de la situation. Et pour engager leur responsabilité. Formulant de réelles craintes pour demain.
Les promesses non tenues à l’endroit des employés
La question de la restructuration des entreprises publiques ne pouvait ne pas être évoquée dans l’entretien. Au cours duquel Noureddine Taboubi a jeté la responsabilité du retard de cette restructuration aux autorités publiques. Avec pour principal reproche un manque de transparence. « L’autorité publique n’a pas une vision claire de la situation. En témoigne des indications chiffrées. Différentes les unes des autres. Sur la réalité de la situation des entreprises publiques à restructurer.
Sans oublier que l’UGTT n’est pas responsable de la situation où se retrouvent ces entreprises, a-t-il suggéré. Ainsi, la centrale syndicale n’a pas appelé à des grèves dans le bassin minier. Comme elle n’est pas responsable de l’endettement que connaissent ces entreprises. Evoquant au passage les promesses non tenues par l’autorité publique. A l’endroit des employés et de la population dans les régions.
Réagissant à la baisse des salaires et des retraites. Que le chef du gouvernement a affirmé pouvoir appliquer. Le secrétaire général du l’UGTT a soutenu qu’il s’agit là de l’une des « solutions de facilité » souvent utilisées. Affirmant que les salariés souffrent de la cherté de la vie et insistant sur le fait que le gouvernement se doit d’agir en vue d’assurer une égalité fiscale et en vue d’élargir la base de l’impôt.
Toujours sur le terrain économique, Noureddine Taboubi a déclaré que les fonds collectés au cours des tous derniers mois marqués par la propagation de la pandémie du coronavirus devaient aller en priorité au soutien du secteur de la santé et non pas être versés au budget de l’Etat. Mettant en exergue à l’occasion le rôle du service public de santé dans la lutte contre le Covid-19.
Intervenant le lendemain de la tenue à Sfax de la Commission administrative (26 et 27 juin 2020), l’interview a largement évoqué l’arrestation des syndicalistes dans l’affaire du député de la coalition d’Al Karama, Mohamed Affès. Il a estimé, à ce propos, qu’une partie de la justice n’est pas indépendante et que certaines parties la contrôlent. Jugeant que l’affaire s’est vu « politisée ».
Des faits troublants
Il a formulé, dans ce sens, des accusations claires à l’endroit d’un courant religieux en soutenant que certains faits sont, à ce niveau, et bien au-delà de cette affaire, troublants. Comme le fait du comportement de la justice vis-à-vis du président de Qalb Tounes, Nabil Karoui. « Certaines affaires sont traitées avec beaucoup de célérité, alors que d’autres traînent en longueur ».
Au niveau de la corruption, il a estimé qu’il y a là aussi beaucoup de faits troublants : des dossiers ne sont pas encore saisis par la justice. Il a réitéré la demande formulée la veille afin que le ministre en charge de la lutte contre la corruption, Mohamed Abbou, ouvre le dossier de la Banque Franco Tunisienne et fasse toute la lumière sur le rôle de l’ancien ministre des Domaines de l’Etat, Slim Ben Hamidane, un ancien du Congrès pour la République (CPR), au même titre que Mohamed Abbou, dans cette aire qui a fait perdre à la Tunisie « 3000 milliards ».
Il a dans le même ordre d’idées soutenu que toute la lumière n’a pas été faite sur ce qui se passe au niveau de la corruption. Evoquant le chapitre des fonctionnaires de la douane mis à la retraite anticipée, sans autre forme de procès.
Information de taille : Noureddine Taboubi a déclaré que l’UGTT a pris position en faveur d’un choix de société et que la centrale syndicale s’est rangée du côté des forces du progrès. Et qu’elle se refuse cependant de faire tout autre choix que celui des urnes et celui des règles de fonctionnement d’une société démocratique.
Sur un autre plan, il a estimé que la Tunisie se doit d’adopter une position « médiane » dans l’affaire libyenne et donc non engagée en faveur d’une partie ou une autre dans le conflit du pays voisin.