L’OSAE Observatoire de la Souveraineté Alimentaire et de l’Environnement a appelé, samedi, à exclure le secteur agricole de toutes les conventions internationales dont l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA). Il s’agit des accords bilatéraux et ceux de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), dans une démarche volontariste de rupture avec le système alimentaire mondial et du marché alimentaire global.
l’OSAE a également mis l’accent sur la nécessité de faire de l’eau un bien commun non privatisable et accessible gratuitement sans conditions.
De ce fait, l’OSAE a procédé à travers une note intitulée « Le Covid-19 et maintenant ? », à la mise en place de dix réformes urgentes. Ces dernières visent à asseoir une agriculture vivrière durable, écologique et inclusive en Tunisie.
« Au-delà des besoins réels, l’accès à l’eau doit être payant à un tarif élevé de manière à empêcher toute forme d’appropriation, de pollution et de gaspillage », souligne l’Observatoire. Tout en appelant à limiter drastiquement, par interdiction et ou sur-taxation, l’exportation de tout produit agricole, alimentaire ou non, issu de l’agriculture irriguée.
Sur un autre volet, l’organisation a jugé impérieux d’imposer systématiquement le principe du « pollueur ou destructeur, payeur ». Et ce à tout acteur économique ou institutionnel, y compris les institutions étatiques et à interdire tout usage de pesticides chimiques cancérigènes dans l’agriculture.
Elle a, à cet égard, insisté sur la mise en place d’un système Bonus / Malus écologique pour l’attribution des subventions, crédits et autres soutiens financiers de l’État (par exemple, moins de pesticides et antibiotiques et plus de semences et variétés locales = bonus élevé).
L’observatoire a, par ailleurs, recommandé de réserver les subventions et les aides publiques aux productions agricoles alimentaires destinées au marché local.
Pour changer de paradigme et passer à une politique agricole sociale, écologique, équitable et durable avec la paysannerie au cœur du système et la souveraineté alimentaire, l’OSAE a proposé de mettre au point des normes et des règles strictes visant à réduire fortement la rentabilité des élevages « industriels » et à favoriser les pâturages sur prairies naturelles et parcours.
Nécessité de promouvoir l’agroécologie
L’OSAE a aussi appelé à l’impératif d’interdire pendant au moins 25 ans, toute activité économique ou non, y compris agricole ou la construction, à l’emplacement de toute forêt incendiée, volontairement ou accidentellement, ou coupée.
D’autre par, l’observatoire a plaidé en faveur d’une réforme agraire radicale qui fixe la taille minimale à 5 hectares indivisibles (sauf dans les oasis anciennes) et la taille maximale à 100 hectares, avec des « paliers » intermédiaires inversement proportionnels à la pluviométrie moyenne : plus la pluviométrie est élevée, moins le plafond est élevé.
Il a souligné, en outre, l’impératif de redistribuer les terres « domaniales » par petites surfaces d’environ 5 à 10 hectares indivisibles et non « revendables » pendant une période de 30 ans ou plus, au profit des héritiers éventuels des anciens propriétaires, quand c’est le cas, des paysans sans terre ou ceux ayant moins de 5 hectares et aux jeunes sans emploi fixe à commencer par les enfants des paysans.
Pour l’organisation, adopter les principes fondamentaux de l’agroécologie et en encourager les pratiques par tous les moyens, y compris financiers quand c’est nécessaire, demeure aussi une mesure urgente à engager.
Elle a, dans ce contexte, appelé à l’enseigner dans les écoles et les universités spécialisées dans les domaines de l’agriculture.
Avec TAP