Après avoir décidé, il y a quelques jours, de soutenir Elyes Fakhfakh contre vents et marées; le mouvement Ennahdha laisse planer le doute sur sa « solidarité » envers le chef du gouvernement. Une habile manœuvre visant à obtenir plus de concessions d’un homme assis sur un siège éjectable.
En effet, pour le mouvement islamiste Ennahdha, c’est le moment propice de mettre plus de pression sur le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh. Lui-même fragilisé dans cette affaire de soupçons de conflit d’intérêts qu’il traîne comme une casserole pourrie.
Pourtant, il y a à peine quelques jours, Ennahdha décidait de soutenir le gouvernement Fakhfakh; par soi-disant solidarité gouvernementale. « En attendant qu’il soit blanchi » par l’enquête parlementaire. Alors comme expliquer ce revirement spectaculaire à 180°?
Machine arrière
Ainsi, dans un communiqué rendu public hier dimanche 5 juillet, Montplaisir dit suivre de près les enquêtes sur la suspicion de conflit d’intérêts visant le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh. Tout en « estimant que cette question a nui à l’image de toute la coalition gouvernementale ».
Une manière détournée donc de dire que le parti de Rached Ghannouchi, blanc comme neige, a été éclaboussé par cette affaire; étant lui aussi membre de la coalition gouvernementale.
De ce fait, cette situation impose « de réévaluer la position vis-à-vis du gouvernement et de la coalition gouvernementale. Et de la soumettre pour examen à la prochaine session du conseil de la Choura pour prendre une décision adéquate »; toujours selon la même source.
Or, « la réévaluation de la position » signifie qu’Ennahdha fait pratiquement machine arrière. Laissant planer une sérieuse menace sur l’avenir du chef du gouvernement. Mais, en tant que mouvement « démocratique », il laisse le soin à son conseil de la Choura de porter le coup de grâce à M. Fakhfakh!
Ennahdha « ciblée »
Pour rappel, à l’issue de la réunion du bureau exécutif, samedi 4 juillet 2020 sous la présidence de Rached Ghannouchi, le parti islamiste se disait préoccupé. Et ce, « quant au refus du chef du gouvernement d’élargir la coalition gouvernementale comme il lui l’a été demandé ».
« Le but étant que le gouvernement soit plus cohérent et harmonieux et capable de faire face aux défis économiques et sociaux. Et à la situation critique que traverse le pays exigeant la collaboration de toutes les forces nationales pour la surmonter ». C’est ce qui ressort de la déclaration rendue publique et relayée par l’agence TAP.
Et de poursuivre: « Certains partenaires cherchent à cibler Ennahdha en s’alignant avec les forces politiques extrémistes. Pour laisser passer des options parlementaires suspectes et faire dévier le parlement de sa mission au service des questions nationales. »
Chantage
A lire entre les lignes: pour lever l’épée de Damoclès qui pèse sur Elyes Fakhfekh, Ennahdha exige « d’élargir la coalition gouvernementale ». En faisant entrer son nouvel allié Qalb Tounes et, au passage, se débarrasser du mouvement Achaab coupable à ses yeux « de s’aligner » avec le diable Abir Moussi.
Une allusion au vote du parti de Zouhair Maghzaoui en faveur de la récente initiative du PDL. Laquelle vise à classer l’organisation des Frères musulmans comme étant terroriste.
Un message codé
Disons pour conclure que le bureau exécutif d’’Ennahdha envoie un message codé au chef du gouvernement, aux abois. Soit se soumettre à ses exigences (équilibrer la coalition gouvernementale en introduisant Qalb Tounes dans la bergerie et mettre le mouvement du Peuple sur la touche). Soit subir les foudres d’une destitution en règle.
A lui de choisir entre la peste et le choléra.