Entre influence, censure, pouvoir, beaucoup craignent des dérives liberticides. Or annuler des autorisations pour la création de chaînes TV satellitaires, cela ne fera qu’ instaurer la loi de la jungle. Ce qui malheureusement sert les intérêts de certains partis politiques.
La Commission des droits, des libertés et des relations extérieures à l’ARP a adopté, mercredi, le projet de loi portant amendement du décret-loi n°2011-116 relatif à la liberté de la communication audiovisuelle. Il s’agit d’une initiative proposée par la Coalition Al-Karama, et ce dans le but d’annuler les autorisations pour la création des chaînes de télévision.
Le projet de loi est passé grâce au vote d’Ennahdha, Qalb Tounes et de la Coalition Al-Karama. Alors que les députés du Parti destourien libre (PDL) ont voté contre. Cela dit, le bloc démocratique s’est abstenu.
Que faut-il comprendre? « Cela n’a aucun sens », souligne Bassel Torjeman, analyste politique et journaliste dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com.
Il souligne dans ce contexte: « Le principal objectif d’Ennahdha, Al Karama et Qalb Tounes est de frapper l’écosystème de l’audiovisuel. Mais plus encore, annuler les autorisations pour la création des chaînes de télévision est dangereux ».
Selon lui, une telle initiative n’entraînera que le désordre et le chaos. En outre, Bassel Torjeman revient sur la période entre 2004 et 2010, où les autres chaînes satellites arabes ont tenu des discours de haine et de violence, de « takfirisme », laissant ainsi un terrain favorable à la création d’une génération d’extrémistes et de djihadistes.
« Tout le monde est conscient du danger »
Aujourd’hui, il semble qu’avec l’annulation des autorisations pour la création de chaînes TV satellitaires, le retour au discours de haine se ressent de plus en plus. « Mais cela fragilise le rôle de la Haica, qui joue le rôle de régulateur. Et qui ouvre la voie aux chaînes qui se trouvent aujourd’hui hors la loi », dit-il.
Il ajoute: « Tout le monde est conscient du danger. A mon avis, ce projet de loi ne passera pas. Et la présidence de la République ne laissera pas faire. Le Chef de l’Etat ne le signera pas. Car la raison est simple, il s’agit d’une menace à la paix sociale en Tunisie. Et il faut comprendre aussi qu’aucun pays dans le monde ne dispose d’un espace ouvert sans qu’il y ait un organe de contrôle ».
En somme, il conclut: « Aujourd’hui, c’est au chef du gouvernement d’imposer le respect de la loi ».
L’inquiétude ne cesse de grandir. Si les autorités n’entreprennent rien dans les prochains jours, la déroute sera totale.