La Bourse de Tunis organise, actuellement, un webinaire dédié au lancement du projet d’élaboration d’un guide RSE sur le reporting extra-financier. Et ce, en collaboration avec la Fondation Konrad Adenauer Stiftung (KAS).
A cette occasion, Bilel Sahnoun, Directeur général de la Bourse de Tunis, est revenu sur le contexte de ce guide RSE et les objectifs recherchés.
A cet égard, il a annoncé que la Bourse de Tunis, en collaboration avec la KAS, a entamé le projet d’élaboration d’un guide RSE dédié aux entreprises cotées, entreprises publiques, ayant le potentiel d’être cotées…souhaitant adopter la démarche RSE. Il s’agit d’une ligne directrice pour ces entreprises afin qu’elles puissent valoriser des actions en cours de réalisation. Ainsi que pour valoriser leur engagement sur le plan environnemental, sociétal et de gouvernance.
Ce guide, qui sera parachevé avant la fin de 2020, va être élaboré avec la contribution de tous les acteurs. Des cycles de formation seront organisés au profit des entreprises intéressées.
Pourquoi la Bourse s’intéresse-t-elle à la RSE ?
Bilel Sahnoun a rappelé que la Bourse de Tunis a rejoint, le 25 octobre 2015, l’initiative Sustainable Stock Exchanges (SSE) des Nations unies. L’objectif consiste à augmenter le nombre de sociétés cotées et promouvoir la transparence et la bonne gouvernance. Et ce, autant sur le plan social qu’environnemental. Ceci passe par la transparence et la stabilité des marchés financiers. Mais aussi par une forte dimension sociale et environnementale.
Et d’ajouter que la Bourse de Tunis est, ainsi, la deuxième Place de la région MENA à rejoindre le SSE. Et ce, après la Bourse du Caire en 2012. Sur le continent africain, le SSE a cinq partenaires en plus de la Tunisie et de l’Egypte. A savoir le Kenya, l’île Maurice, le Nigeria, le Rwanda et l’Afique du Sud. Au total, 102 Bourses de par le monde ont rejoint à ce jour cette initiative.
Démarche d’élaboration selon Bilel Sahnoun
Par ailleurs, le Directeur général a précisé que le guide RSE, comme étant un référentiel pour le reporting extra-financier, sera basé sur une liste d’indicateurs en fonction des enjeux des entreprises visant à exceller davantage en performances. Et ce, en partageant la même lecture des 17 Objectifs de développement durable (ODD), en particulier les ODD n°5, n°8, n°13. Ainsi qu’en fixant, ensemble, les outils et les moyens de mesurer ces ODD. Ce sont des éléments qui peuvent contribuer jusqu’à 30% dans la valorisation.
Concernant l’objectif n°3 relatif à l’égalité des genres et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles, il a affirmé que l’accent sera mis non seulement sur la parité homme-femme au sein des entreprises. Mais aussi sur l’égalité des chances à accéder à des postes à la Direction générale ou au Conseil d’administration.
Pour l’objectif n°8 relatif au travail décent et croissance économique. Il vise à promouvoir une croissance soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous. A ce sujet, la Bourse veille à accompagner des PME tout en simplifiant l’accès au marché alternatif. Il a rappelé le lancement du programme InvestiaPME d’appui au financement non bancaire de l’entreprise. Et ce, le 18 juin 2019 à l’occasion de son 50ème anniversaire. Ce programme vise à favoriser la levée, par 120 PME en phase de développement, de fonds sur le marché de capitaux public et privé. Parce que c’est dans le vivier du capital investissement que grandissent les futures blue chips de la Cote.
S’agissant de l’objectif n°13 relatif à la lutte contre les changements climatiques, M. Sahnoun a noté que face à l’essor du marché des obligations vertes, le CMF a élaboré, en collaboration avec l’IFC, un guide d’émission d’obligations vertes, socialement responsables et durables. Et ce, pour promouvoir le rôle du marché financier dans le financement de la transition écologique, sociale et durable.
Et de rappeler que les obligations vertes sont similaires aux obligations classiques. Mais leur spécificité réside dans l’engagement d’utiliser les fonds levés. Afin de financer des projets verts, sociaux et durables, en contribuant à la réalisation des ODD.
Bilel Sahnoun: quels impacts suite à l’adoption de la RSE ?
Bilel Sahnoun a, en outre, indiqué que l’adoption de la démarche RSE et l’élaboration de ce guide auront des impacts positifs sur quatre parties. Pour le marché boursier, il a estimé que la Bourse de Tunis rejoint, à travers ce guide, le peloton de 56 bourses dans le monde ayant déjà élaboré leur guide. Ainsi que d’améliorer la visibilité et attirer une nouvelle catégorie d’investisseurs.
Pour les entreprises, il a souligné que l’adoption de la RSE est devenue une source de revenus et de résultats additionnels. Elle contribue à l’amélioration de la notoriété de l’entreprise et à la captation de nouveaux marchés. Elle est, aussi un élément essentiel de maturité pour se positionner comme un site de co-localisation, notamment après la Covid-19. Et ce sera un facteur déterminant pour le choix de la destination Tunisie en tant que site de co-localisation.
Du côté des investisseurs, la RSE constitue, selon ses dires, une meilleure lecture des performances non financiers de l’entreprise. Tout en mettant l’accent sur la protection de l’environnement et l’amélioration de la transparence et la gouvernance des entreprises. Aujourd’hui, il y a des facteurs non chiffrables qui peuvent se mettre en valeur à travers la politique RSE.
S’agissant des salariés, M. Sahnoun a déclaré que la RSE permet d’avoir une ambiance de travail saine. Il s’agit d’un moyen de participation aux décisions et mode de management et d’une adoption généralisée des pratiques universelles. Et ce, pour une meilleure gouvernance de l’entreprise.
Au final, le responsable a fait savoir qu’aujourd’hui, 88% des entreprises, ayant adopté la démarche RSE, ont réduit le coût de leur capital ou améliorer leurs performances opérationnelles.