Alors que le Conseil de la Choura décidait, hier dimanche, le retrait de la confiance au chef du gouvernement. Quatre blocs parlementaires veulent présenter une motion de censure à l’encontre de Ghannouchi. Dans les deux cas, ces éventuels processus de destitution peuvent plonger le pays dans l’inconnu.
Les Tunisiens se réveillent ce matin avec une gueule de bois carabinée. Avec l’impression de marcher désormais sur un terrain glissant. En effet, les deux sommets de l’Etat, en l’occurrence la présidence du gouvernement et du Parlement, risquent d’être destitués. Plongeant le pays dans un vide constitutionnel dont personne ne peut deviner les conséquences.
Tourner la page Fakhfakh
Ainsi, le Conseil de la Choura qui se réunissait hier dimanche 12 juillet 2020 à Hammamet. Avec un seul sujet au menu, à savoir la position politique à adopter vis-à-vis du gouvernement d’Elyes Fakhfakh. A cet égard, il a décidé de tourner la page Fakhfakh. Et de charger dans la foulée le président du bureau exécutif, Rached Ghannouchi, d’entamer les négociations avec les différentes parties. Et ce, pour la formation d’un nouveau gouvernement qui succéderait à celui de Fakhfakh.
A noter que la décision émanant de la plus haute instance du mouvement Ennahdha équivaut de facto à un retrait de confiance au gouvernement actuel
Un homme « politiquement mort »
Cependant, la décision de retrait de la confiance au chef du gouvernement n’a pas été prise à l’unanimité. Puisque 54 membres de la Choura votaient contre le début immédiat de concertations. Et ce, pour la formation d’un nouveau gouvernement. Alors que 38 votaient en faveur de la stabilité gouvernementale. Sachant qu’Elyes Fakhfakh est empêtré dans une présumée affaire de prise illégale d’intérêts et considéré comme « mort politiquement » par Ennahdha. Bien que l’enquête parlementaire suive son cours et n’ait pas apporté de conclusions définitives.
En attendant, Ennahdha prendra-t-elle l’initiative de retirer ses ministres du gouvernement? Obligeant ainsi le chef du gouvernement à chercher une nouvelle alliance gouvernementale? Il parait que rien n’a été décidé à ce propos; en attendant une position officielle qui sera annoncée à travers un communiqué officiel.
Motion de censure contre Ghannouchi
D’autre part et sur un autre registre, l’on apprend que quatre groupes parlementaires sont en train de collecter des signatures. Ce sont: le bloc démocrate (Attayar et Echaâb); le bloc national; celui de Tahya Tounes; et le bloc de la Réforme présidé par Hassouna Nasfi. Objectif: présenter une motion de censure à l’encontre de Ghannouchi.
Tergiversions d’Attayar
Mais, des divergences profondes clivent le bureau politique d’Attayar de Mohamed Abbou. En effet, si une majorité penche pour le retrait de confiance au président de l’ARP, Rached Ghannouchi. Une minorité est favorable à la stabilité du paysage politique. Estimant qu’il est prématuré d’engager un processus de destitution du président du Parlement. Alors que la position du chef du gouvernement est si fragile.
Ainsi, résumant cet attentisme, le député du Courant démocrate, Zied Ghanney, précise qu’il est prématuré de parler de position définitive par rapport à la question de retrait de confiance. « Attayar n’a pas tranché sur la question. Le parti préservera son unité et procédera au vote pour la prise d’une décision définitive », a-t-il déclaré, dimanche 12 juillet sur les ondes de Mosaïque Fm.
Pourtant, le député et porte-parole d’Attayar Mohamed Ammar, indiquait le même jour, soit dimanche 12 juillet, que quatre blocs parlementaires avaient déjà entamé les procédures de retrait de confiance à Rached Ghannouchi de la présidence du Parlement, à la suite d’une réunion tenue samedi 11 juillet.
Pour rappel, le règlement intérieur de l’ARP stipule dans son article 51 que les députés peuvent retirer la confiance au président à la majorité absolue des membres; après présentation de la demande par au moins le tiers des élus. Et c’est la séance plénière qui tranchera, dans un délai ne dépassant pas trois semaines.