Une personnalité apolitique à La Kasbah avec un programme de sauvetage pour sortir le pays du marasme économique? Ce serait un scénario de rêve, un choix audacieux et inédit. Ainsi qu’un coup de maître de la part du président de la République, Kaïs Saied.
Après avoir exigé et obtenu à la fin la démission du chef du gouvernement Elyes Fakhfakh, l’homme politique qu’il a lui-même placé à La Kasbah, Kaïs Saied est à la recherche d’un successeur. Et ce, pour occuper ce poste tant convoité mais à haut risque.
D’autant plus qu’il ne dispose que d’une petite semaine pour dénicher cet oiseau rare. Lequel aura à son tour un mois pour former une équipe susceptible d’accueillir une majorité au sein d’une ARP en miette.
Et si le Parlement ne donnait pas sa bénédiction au nouveau gouvernement, il est dans les prérogatives du chef de l’Etat de le dissoudre. Et d’appeler à de nouvelles élections dans 90 jours. Un scénario très plausible vu l’effritement et le morcellement incroyable des courants politiques sous le dôme du palais de Bardo.
Tension extrême
Mais, la désignation du futur chef du gouvernement sera tributaire, en partie, de la bénédiction du cheikh de Montplaisir. Ce dernier qui détient une majorité de voix à l’hémicycle avec les partis satellitaires d’Ennahdha. A l’instar d’Al Karama et de Qalb Tounes.
Or le chef du gouvernement démissionnaire semble avoir tout fait ces derniers temps. Et ce, pour torpiller les rapports très tendus et exécrables entre Carthage et Montplaisir. Tout en virant, sans ménagement et avec peu d’élégance il faut l’avouer, tous les ministres issus d’Ennahdha. Dont Abdellatif Mekki aux premières loges dans la lutte contre la Covid-19. Ou encore Lotfi Zitoun, un modéré qui a fait du bon travail au sein de son ministère de l’avis de tous.
Colère et frustration
Et c’est dans ce contexte qu’il faut placer l’ire d’Ennahdha qui a crié aussitôt au scandale en qualifiant de « déplorable » la décision du chef du gouvernement démissionnaire de démettre ses ministres de leurs fonctions. Selon une déclaration rendue publique, hier, et signée par son président Rached Ghannouchi.
Même son de cloche de la part du président du groupe parlementaire d’Ennahdha, Noureddine Bhiri. Lequel a déclaré, hier, que si Fakhfakh a présenté sa démission mercredi matin, il était insensé de limoger des ministres d’Ennahdha le soir même. « On ne peut pas être démissionnaire et limoger des ministres », a t-il déploré. Et ce, en arguant « qu’en tant que chef de gouvernement démissionnaire, il n’a pas les attributions requises pour créer ou dissoudre des ministères et désigner d’autres. Il est censé se contenter de gérer les affaires courantes ».
Face à un tel sentiment de rancune et de couleuvres avalés de part et d’autre, comment le président de la République fera-t-il pour nommer une personnalité consensuelle. Sans s’attirer le niet de l’homme au Perchoir, lui-même sujet à une motion de censure ?
Une personnalité apolitique à La Kasbah ?
Une seule solution semble s’offrir au chef de l’Etat pour sortir de cette étouffante impasse : choisir une personnalité apolitique qui aura pour mission de former un gouvernement « commando » restreint, composé de compétences nationales. « Avec un programme de sauvetage bien étudié pouvant sauver la situation économique », selon le souhait de l’expert en économie, Ezzeddine Saidane