Revenant sur l’accord d’El Kamour, signé il y a trois ans entre le gouvernement et les protestataires sous la caution de l’UGTT, l’expert en énergie, Imed Derouiche, a souligné que cet accord est « irréalisable ». Et que le gouvernement précédent avait vendu du vent aux habitants de Tataouine.
Pourquoi le dossier d’El Kamour n’a-t-il jamais été clôturé par les gouvernements successifs depuis trois ans ? La réponse froide comme un couperet est venue de la bouche même de l’expert en énergie et ex-PDG de Petrofac Imed Derouiche. Lequel a affirmé, dans une interview accordée à la Radio IFM ce weekend, que ce fameux accord n’était en vérité qu’une grosse supercherie. Cette dernière qui consistait à « vendre des rêves pour faire taire les protestataires ».
Pour rappel, le 17 juin 2017, un accord entre le gouvernement et les protestataires, avec la médiation de l’UGTT, a été signé. Il prévoit, entre autres, le financement de la Caisse du développement et de l’investissement par 80 MDT par an. Ainsi que l’affectation de 1500 personnes dans les sociétés pétrolières. Outre, l’intégration de 3000 travailleurs, selon un échéancier à trois étapes, à la Société Tunisienne pour l’Environnement.
« 33 promesses tenues sur 74 »
Sauf que, selon I Watch, les promesses contenues dans l’accord d’El Kamour ont été respectées à 44%. Et ce, trois ans après sa signature au siège du gouvernorat de Tataouine.
En outre, le gouvernement et le syndicat avaient fait 74 promesses aux sit-inneurs. Dont seulement 33 ont été tenues après 3 ans de la levée du sit-in. Et 9 promesses supplémentaires sont en cours de réalisation, toujours selon la même source. Pourquoi ?
Engagement « irresponsable »
Imed Derouiche est catégorique. Cet accord ne peut être réalisé. Car, explique-t-il, « il était clair que de nombreux points entérinés dans l’accord ne pouvaient être appliqués. Tels que le recrutement de 1500 jeunes de la région et l’embauche de 3000 autres ».
Pourtant, argumente l’expert, « le gouvernement de l’époque savait que les entreprises pétrolières n’étaient pas en mesure d’embaucher ce nombre considérable d’employés. Dont elles n’avaient guère besoin. Il savait, aussi, que les Sociétés d’environnement et de jardinage ne pouvaient plus se permettre de recruter ce nombre d’employés fictifs. Et pourtant, il s’est engagé d’une façon irresponsable à le faire ».
Une bombe à retardement
« Et voila qu’aujourd’hui c’est le gouvernement actuel qui paie la note. Puisqu’il est appelé au nom de la continuité de l’Etat à assumer la responsabilité des erreurs qui ne sont pas les siennes. Et d’appliquer cet accord irréalisable », a-t-il précisé.
M. Dérouiche a indiqué que c’est pour cela que de nombreux observateurs ont toujours dit que cet accord d’El Kamour est une bombe à retardement. Une bombe qui va exploser un jour ou l’autre. .
El Kamour: alors quelle solution pour la sortie de crise ?
Imed Derouiche rejette la solution politique et celle sécuritaire. Et ce, en assurant qu’une solution a été proposée par l’ancien ministre de l’Energie, Khaled Kaddour. Lequel a présenté un grand projet de développement pour la région. Ce projet prévoit un développement global et intégré du sud tunisien. Mais, a-t-i déploré : « Ce projet a été enterré avec le départ de son initiateur ».
Sur un autre registre, la coordination d’El Kamour a appelé, samedi dernier, le Président de la République Kais Saied à visiter la région, refusant l’invitation adressée par le chef de l’Etat aux représentants des sit-inneurs à se rendre à Carthage pour une rencontre.
Et de brandir la menace : la vanne de la station de pétrole d’El Kamour restera fermée jusqu’à la satisfaction des revendications des habitants de la région, relatives à la création de l’emploi et du développement.