Lors de son intervention sur les ondes radiophoniques de Shems fm, Ezzedine Saidane a déclaré que la situation économique était déjà très dégradée en Tunisie avant la crise sanitaire. Aujourd’hui, il alerte sur une récession économique dépassant les prévisions du FMI et de la Banque Mondiale.
D’après lui, les difficultés sont aujourd’hui économiques, financières et sociales. Attestant que la crise sociale est très dangereuse pour la Tunisie. « D’autres pays ont créé des structures de gestion de crise. Ces dernières assurent la relance économique post-Covid. »
« Nous avons mal géré la crise sanitaire. Car nous n’avons pas assuré à nos entreprises toutes les chances pour leur redémarrage économique. La preuve est qu’aujourd’hui la Tunisie devra faire face à une récession plus élevée que celle prévue. Je peux vous assurer qu’elle sera d’au moins 10%. D’où une explosion du chômage qui atteignait avant la crise le taux de 15,1%. Aujourd’hui nous pouvons parler d’un taux de 21,6%. Imaginez ce que ce taux va engendrer en Tunisie. Une explosion sociale »
Si la crise sanitaire n’a pas toujours été gérée comme il fallait, nous espérions que la relance économique post- Covid le soit beaucoup mieux. Ce ne fut pas le cas, malheureusement !
Une situation qui va de mal en pis !
D’après l’analyste, « il y a un risque d’augmentation du taux de chômage (dépassant les 20%). Une détérioration de la situation des entreprises publiques. Le choc sur les finances publiques sera massif laissant entrevoir un gap de 8 milliards de dinars à couvrir. Ce qui présume que les chiffres officiels de 2019 étaient faux. Le déficit budgétaire n’était pas alors de 3,5%, ce chiffre était beaucoup plus élevé. De même pour la dette publique.
L’Etat tunisien passe par une situation jamais connue auparavant! Il n’est plus capable de payer ses fournisseurs dans le secteur privé. Il doit 800 milliards à des entreprises ayant réalisé des travaux pour le compte de l’Etat Tunisien. Aujourd’hui, l’Etat enregistre une perte de confiance. »
La crise sanitaire a impacté la Tunisie plus que les autres pays car elle enregistrait déjà une récession de 2% au premier trimestre 2020. S’ajoutant à une gestion de crise défaillante.
Comme le pointe Saidane , « la situation politique actuelle interdit toute reprise économique ».
Enfin, la crise actuelle en Tunisie est une crise de liquidité en cascade. La Banque centrale d’après lui doit racheter les bons du Trésor des banques tunisiennes en dinar tunisien. Cette mesure permettra à l’Etat tunisien de payer ses engagements et aux banques d’avoir la liquidité nécessaire pour financer la relance économique et non le déficit budgétaire. »
En achetant des bons du Trésor, c’est-à-dire de la dette d’Etat, la Banque centrale permet aux demandeurs de crédit de s’adresser directement à elle en obtenant du cash contre des titres. En gros, c’est une opération de monétisation du déficit budgétaire.