Peut-on envisager un affrontement militaire entre l’Egypte et la Turquie ? La guerre civile, en Libye, oppose le Gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli et soutenu par le Qatar et la Turquie et le maréchal Khalifa Haftar, qui règne sur l’Est et une partie du Sud et qui bénéficie essentiellement de l’appui de l’Egypte et de la Russie.
Dans cette guerre au-delà de la lutte d’influence, le divorce résulte de la bipolarisation géopolitique. Le maréchal Haftar serait plutôt favorable à un Etat civil, alors que le gouvernement al-Sarraj a des alliances confirmées avec le mouvement islamique.
Ce qui d’ailleurs explique son alignement sur la politique du président turc Erdogan. Les abondantes réserves de pétrole et de gaz de Libye constitueraient un enjeu déterminant.
Le retrait des troupes du maréchal Haftar vers Syrte, grâce à l’appui turc au gouvernement al-Sarraj a arrêté son expansion vers Tripoli. Mais la relance de la guerre civile met à l’ordre du jour la bataille de Syrte, par l’armée d’al-Sarraj, bénéficiant des renforts militaires turcs et des mercenaires daéchiens.
Le GNA déterminé à contrôler tout le territoire libyen
Le GNA entend reprendre définitivement l’avantage en lançant une grande offensive. Il a indiqué que la bataille des villes de Syrte et d’Al Djofra est imminente. Ajoutant que le but est le contrôle de tout le territoire libyen.
L’Egypte estime que Syrte /Al Djofra constituent une ligne rouge, que le GNA et ses alliés turcs ne peuvent franchir, car ils menaceraient sa sécurité.
Or, la Turquie, qui fait valoir sa politique d’expansion néo-ottomane, se propose de mettre la Libye sous sa dépendance. De l’ériger « en protectorat » de fait, selon ses ennemis. Réaction de l’Egypte, qui se dit prête à intervenir militairement. D’ailleurs, ses députés ont approuvé, lundi 20 juillet, une possible intervention armée en Libye si les forces du gouvernement de Tripoli, soutenues par la Turquie, continuent leur avancée vers l’Est du pays.
La rencontre, le même jour, à Ankara, des ministres de la Turquie, du Qatar et du ministre de l’Intérieur du pseudo-gouvernement de la Tripolitaine atteste que la décision égyptienne est prise au sérieux.
On parle désormais le langage de la guerre. Ira-t-on vers l’affrontement militaire ? Depuis la guerre du Vietnam, les puissances avaient opté pour des guerres par procuration.
Dans ce cas, l’affrontement opposerait les armées de deux puissances régionales et des troupes libyennes de différents protagonistes. Est-ce que les USA laisseraient faire ? La victoire de la Turquie, et sa défaite, même cas pour l’Egypte, la desservent en établissant de nouveaux rapports de force.
D’autre part, les pays du voisinage ne peuvent tolérer cette expansion néo-ottomane. Nous pensons plutôt que des négociations underground sont en cours. Elles feraient valoir des accords. Pourvu qu’elles respectent l’unité nationale libyenne et la stabilité et la sécurité au Maghreb.