La 7ème édition du Baromètre des entreprises en Tunisie élaboré par EY Tunisie pointe le fait que dans ce contexte particulier de coronavirus les entreprises tunisiennes rencontrent des les difficultés à évoluer dans un environnement de crise .
Synthèse de la 7ème édition du Baromètre des entreprises en Tunisie
Alors que les réponses recueillies jusqu’à février 2020, c’est-à-dire avant le début de la crise Covid-19, laissaient entrevoir un certain regain de confiance des dirigeants. Concernant surtout la situation interne de leurs firmes. La crise économique que nous traversons vient indiscutablement leur poser une nouvelle menace s’ajoutant à la longue série qu’a connue le monde de l’entreprise sur les dix dernières années.
En effet, post-Covid, 69% des chefs d’entreprise estiment menacée la continuité de leur activité en l’espace de moins de deux ans alors qu’ils n’étaient que 55% à faire ce constat avant la crise. Ce chiffre particulièrement élevé est à mettre en perspective avec seulement 10% des répondants qui déclarent avoir bénéficié des aides de l’État dans le cadre du dispositif de soutien et 23% dont les dossiers sont encore en cours d’instruction. À ce stade, on ne peut pas affirmer que l’attribution des aides se fait avec la rapidité et l’ampleur commandées par la situation.
Effectivement, 74% des dirigeants déclarent une baisse de leur chiffre d’affaires de 2020 supérieure à 10% (par rapport aux prévisions de début d’année). La baisse du chiffre d’affaires est de plus de 30% pour 31% des participants. Particulièrement dans le secteur financier, du commerce et des services. Elle affecte les entreprises indépendamment de leur taille. Les PME et les grandes entreprises déclarent être affectées de manière analogue.
Cette baisse du chiffre d’affaires agit directement sur les liquidités de l’entreprise et sur sa capacité d’investir.
43% des dirigeants déclarent une chute des liquidités supérieure à 30% et 45% d’entre-eux estiment devoir baisser de plus de 30% leurs projections d’investissement.
Le plan de la relance économique du Gouvernement devra en tenir compte pour apporter le choc de confiance nécessaire.
Et les chefs d’entreprise donnent les priorités : 31% estiment que le plan de relance économique doit prioriser l’offre à travers des incitations fiscales et financières aux entreprises. 21% priorisent la stimulation de la demande avec le lancement de grands projets nationaux d’investissements. Et 20% demandent un assainissement budgétaire et la réforme du secteur public.
Les dirigeants d’entreprise précisent aussi leurs propres priorités pour le monde post-Covid. 42% d’entre-eux plébiscitent la transformation digitale. 24% l’internationalisation de leurs entreprises et 21% la refonte de leurs filières d’approvisionnement pour faire évoluer leur modèle économique. Ces ambitions ne sont pas nouvelles et les entreprises tunisiennes ont accusé beaucoup de retard dans leur mise en œuvre. Nous constatons, d’année en année, un décalage important entre ces déclarations d’intention et la réalité du terrain.
Cette année sera-t-elle celle du sursaut ?
Si sursaut il y a, il passera inévitablement par une démarche d’innovation ouverte et collaborative avec l’écosystème de l’innovation tunisien qui a gagné en maturité ces dernières années et enregistré plusieurs succès.
Le baromètre montre que le sujet progresse chez les dirigeants d’entreprise. Ils sont aujourd’hui plus de 42% à être en relation d’affaires avec les start-ups et 29% avec un projet collaboratif d’innovation en place ou formellement donneurs d’ordre d’une start-up dans des domaines comme le data analytics et l’Intelligence artificielle.
Mais on constate que la relation entre grandes entreprises et startups n’est toujours pas une relation spontanée.
Elle est cependant éminemment importante pour les deux : il est difficile pour les entreprises de réussir le virage de l’innovation sans opérer une ouverture sur l’écosystème. Et les startups ont besoin du test grandeur nature que leur fait passer l’entreprise pour franchir un nouveau cap de maturité.
S’il n’y a pas aujourd’hui un accompagnement, un espace dédié et des incitations ciblées la relation ne se fera pas naturellement et à grande échelle.
Source: 7ème édition du Baromètre des entreprises en Tunisie