Le journaliste et l’écrivain Saber Samih Ben Amer a publié récemment son deuxième roman, en langue arabe, intitulé Cobit-14. Tout au long de 120 pages, sa plume lutte contre sa solitude dans le confinement sanitaire, suite à son retour de l’Egypte.
Dans Cobit-14, l’écrivain illustre la force de la plume et sa capacité de vaincre la solitude, meubler les heures sombres et transformer une expérience inédite et pénible en source d’inspiration. Une chose est sûre : ce livre ne parle pas, nécessairement de la Covid-19. Mais, il utilise la période du confinement sanitaire comme toile de fond pour fouiller dans ses souvenirs. Nous vous présentons quelques pistes de lecture du roman.
Pourquoi Cobit-14 ?
Le titre est le premier seuil pour aborder une œuvre littéraire selon le théoricien de la littérature française Gérard Genette, dans son ouvrage critique Seuils (1987). D’ailleurs, le titre, de ce livre, édité en juillet 2020 , respecte cette règle critique. Le numéro 14 nous renseigne sur la période du confinement sanitaire quant au suffixe Bit qui vient remplacer (VID) il est le synonyme du mot maison en arabe. Ainsi, le lecteur se rend compte qu’il s’agit d’une immersion dans le monde d’un Tunisien en confinement sanitaire pendant 14 jours, dans sa chambre.
Quand le papier et la plume accompagnent un écrivain en confinement sanitaire
Le mérite de Cobit-14 est d’être le premier à aborder le sujet de la pandémie. Sur ce point-là, être le premier ou parmi les premiers à réagir par la plume à la pandémie est un acte méritoire. L’écrivain n’a pas attendu la fin de la pandémie pour l’aborder littérairement. Loin de là, il a vite saisi sa plume d’écrivain et de journaliste confirmé pour partir sillonner le papier afin d’en faire un livre dont l’identification de son genre littéraire n’est point une entreprise facile. Comment ne pas puiser son inspiration dans la pandémie alors que l’écrivain en a subi les répercussions. Son confinement sanitaire dans sa chambre pendant 14 jours suite à son retour de l’Egypte en témoigne.
D’ailleurs, ce livre ouvrirait la voie à l’édition d’autres romans/essais/ recueils de poésie dont le thème est la pandémie en général et la Covid-19 en particulier. Pour le moment, ni les écrivains, ni les poètes ni les artistes plasticien tunisien n’ont puisé leurs inspirations dans la pandémie Covid-19 pour en faire une œuvre littéraire ou artistique phare.
Car, généralement, ils ont besoin de temps pour une mûre réflexion, voire immense contemplation pour repenser la pandémie pour la présenter aux lecteurs dans le cadre d’un roman, poème ou toile. Mais la pandémie ne fait pas, encore partie de l’histoire ancienne. Donc, actuellement, il n’est pas possible de prendre du recul par rapport à l’événement pour le traiter artistiquement. L’artiste et/ou l’écrivain vient en dernier pour saisir la quintessence artistique du fait historique loin du travail de l’historien et du sociologue.
Un livre inclassable ?
La théorie du genre littéraire veut que chaque livre soit classé dans un genre ou dans un autre. Cependant, plusieurs genres littéraires cohabitent dans ce livre. Il est récit autobiographique et carnets de voyage à la fois. Il obéit également aux règles du roman vu la présence des personnages, espaces temps et actions. Par ailleurs, le style journalistique nous plonge dans un autre univers, celui du journaliste qui laisse libre cours à ses souvenirs, ses expériences professionnelles et ses voyages. Le journaliste tunisien insère dans le livre trois de ses articles. Ce n’est pas un choix du au hasard. L’insertion de ses articles ont permis à l’écrivain de donner un aperçu au lecteur du journalisme culturel et des artistes qu’il a rencontrés et des événements auxquels il a assisté.
Ainsi, le style littéraire et le style journalistique forment un beau couple dans Cobit-14. D’ailleurs, cette diversité n’est pas sans surprendre le lecteur. Elle n’est pas sans briser son horizon d’attente. Car l’auteur-narrateur passe de ses soucis personnels (une histoire sans lendemain à Abou Dabi) à des soucis universels qui interpellent le lecteur comme la pandémie. Tous ses éléments constituent les spécificités de ce livre écrit avec les tripes d’un tunisien en confinement sanitaire, un journaliste épris de culture et un écrivain à la quête des mots et des idées fugaces.
Les souvenirs et le voyage pour meubler les heures de confinement
Comment meubler 14 jours de confinement sanitaire ? 14 jours où les minutes se dilatent et où la chambre se transforme en geôle. Pour l’écrivain, la plume est le seul refuge. Cette plume a écrit les souvenirs et les voyages. L’écrivain évoque trois pays. Le premier est l’Egypte. Le voyage en Egypte est le déclencheur du roman. Car l’auteur y était pour assister à Luxor african film festival, dans le cadre d’une mission journalistique. La Pandémie a avorté cette mission. Et ce n’est pas uniquement la mission qui a été avortée mais un rêve d’enfant.
Le narrateur nous avoue que visiter le Caire était un rêve d’enfance. Ironie du sort : le journaliste n’a pas pu admirer les lieux incontournables de l’Egypte, à cause de la Pandémie. Ainsi, le voyage en ’Egypte est à la fois perçu comme un rêve d’enfant et déclencheur des souvenirs. L’écrivain relate, également, les détails de son voyage au Liban et à Abou Dhabi à l’occasion du Festival international du livre d’Abou Dabi.