Le torchon brûle entre les dirigeants d’Ennahdha et le chef du gouvernement sortant, Elyes Fakhfakh. Récit d’une relation exécrable où les coups les plus bas sont permis.
Entre le parti islamiste d’Ennahdha et le chef du gouvernement sortant Elyes Fakhfakh , la tension est telle- alors que ce dernier avait accusé Montplaisir d’être derrière sa chute- que le dirigeant nahdhaoui, Saied Ferjeni, omniprésent ces derniers temps sur la scène politique comme sur les plateaux TV, a affirmé que « si les soupçons de corruption qui pèsent sur lui étaient confirmés, je doute fort que Fakhfakh puisse éviter la prison ».
«Aujourd’hui Fakhfakh est devenu un corrompu, pourtant il avait promis de faire de la lutte contre la corruption sa première priorité », a-t-il ajouté.
« Le mufti de la corruption »
Réputé pour être un faucon d’Ennahdha et un proche de Rached Ghannouchi, Ferjani supposé être hospitalisé suite à « des ecchymoses au niveau de l’épaule gauche et du bassin » causés par son altercation avec son collègue du PDL, a profité de l’occasion pour régler des vieux comptes avec le mouvement Attayar. Et ce, en accusant le ministre d’Etat chargé de la Fonction publique, de la Bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, Mohamed Abbou de « blanchir la corruption » ; le qualifiant de « mufti de la corruption au sein du gouvernement ».
Saied Ferjeni a également avancé que, pour se maintenir au pouvoir, Elyes Fakhfakh avait proposé cinq portefeuilles ministériels à Qalb Tounes et promis des concessions à Ennahdha à deux jours de sa démission de la Kasbah. « Mais ces deux partis ont refusé de profiter de la situation », a assuré M. Propre.
« Alliances douteuses »
Rappelons à ce propos que l’intervention virulente du député nahdhaoui est une réaction à la première interview du gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes Elyes Fakhfakh, après avoir présenté sa démission. Où il avait pointé du doigt le rôle présumé joué par Ennahdha qui a provoqué la chute de son gouvernement.
« Dès le début, Ennahdha ne voulait pas de ce gouvernement. Il a voté en sa faveur juste parce qu’il craignait la dissolution du Parlement. Ils ne m’ont jamais soutenu. Tout un système était à l’origine de la chute de ce gouvernement. Ils voulaient soit y participer, soit tout détruire », a-t-il affirmé.
« Alliance avec des contrebandiers »
Le chef du gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes a été plus loin dans l’accusation du parti de Ghannouchi. « Ennahdha et Qalb Tounes avaient opéré des alliances douteuses en vue de faire tomber le gouvernement. Ils se sont alliés à des contrebandiers dans le seul objectif de faire tomber le gouvernement. Si j’avais cédé, rien n’aurait pu arriver et mon gouvernement n’aurait jamais été inquiété ». S’est-il écrié.
« Pour moi, faire tomber ce gouvernement dans ces circonstances est un crime contre la Tunisie. Ils ne se sentent pas concernés par la situation extrêmement difficile du pays avant de pousser vers ce scénario. Car seuls leurs intérêts, les plus restreints, les intéressent », a-t-il ajouté.
Drôle de deal
Répondant aux allégations selon lesquelles il aurait proposé cinq portefeuilles ministériels à Qalb Tounes et promis des concessions à Ennahdha à deux jours de sa démission, le chef du gouvernement sortant a souligné : « J’aurais pu deux semaine avant ma démission faire un deal surtout que toutes les parties, y compris Ennahdha, l’ont demandé. J’aurais pu trouver une formule pour que 9alb Tounes fasse partie du gouvernement mais j’ai refusé » Si j’avais cédé, rien n’aurait pu arriver et mon gouvernement n’aurait jamais été inquiété, a-t-il assuré.
Il faut reconnaître que depuis la révolution, on n’a jamais vu un chef de gouvernement attaquer avec une telle virulence le parti islamiste. Sur le départ, et n’ayant plus rien à perdre, il a choisi de prendre les Tunisiens à témoin et dire ses quatre vérités au Brutus de Montplaisir qu’il accuse de l’avoir poignardé dans le dos.