Demain, jeudi 30 juillet, aura lieu le vote de la motion de censure contre le président de l’ARP, Rached Ghannouchi. Lors d’une séance plénière. Un vote lourd de conséquences car les cartes seront brouillées puis redistribuées pour les acteurs de la scène politique. Suspense garanti…
A la veille de la plénière inédite et historique la pression atteint son paroxysme. Et pour cause. Il s’agit rien de moins que le vote de la motion de retrait de la confiance au président de l’ARP Rached Ghannouchi.
Ghannouchi: retrait de confiance
Cette séance programmée pour jeudi 30 juillet « sera tenue à huis clos de 9h00 à 11h00 et sans débats ». A indiqué Nessrine Laâmeri, membre du bureau de l’ARP, chargée de l’information.
Le huis-clos est susceptible de « garantir l’équité des procédures ». « D’ailleurs, le vote de confiance au président du Parlement s’est aussi déroulé à huis clos et sans débats ». A rappelé la même source.
Pour rappel, 73 députés ont déposé, jeudi 16 juillet 2020, auprès du bureau d’ordre de l’ARP, une motion de retrait de la confiance au président du Parlement, Rached Ghannouchi. Et ce, « pour mauvaise gestion de l’institution législative et violation du règlement intérieur du Parlement ».
A savoir que les signataires de ladite motion sont issus de quatre blocs parlementaires. En l’occurrence, le bloc démocratique, Tahya Tounes, la Réforme et Watania. Outre des indépendants.
Pour sa part, Zeyneb Brahmi, la députée et membre du bloc d’Ennahdha, a confirmé que le vote sur la motion se fera de manière confidentielle dans des urnes. Et que les députés se verront appelés nominativement. A l’instar du processus d’élection du président et des deux vice-présidents de l’Assemblée.
« L’article 51 du règlement interne du Parlement qui stipule que le retrait de confiance au président du Parlement se fait de la même manière que son élection, entérine cette procédure », a-t-elle argumenté.
« Sans référence juridique »
Toutefois, la décision du bureau du Parlement de voter à huis-clos ne manque pas de faire des vagues auprès d’Al Bawsala. Laquelle a indiqué, dans un communiqué, que le bureau du Parlement n’a pas motivé sa décision.
« Deux lectures différentes du règlement intérieur avaient été présentées dans ce sens. La première indiquant qu’il est possible de recourir à un vote à huis-clos suivant les mêmes procédures d’élection du président du Parlement. La deuxième lecture se base sur l’article 127 du règlement intérieur qui n’impose le vote à huis-clos que lorsqu’il s’agit d’élire une personne », a indiqué l’ONG.
Mais au-delà de la question du huis-clos, la guerre psychologique bat son plein. Entre les initiateurs de la motion et les députés d’Ennahdha. Lesquels soutiennent la continuité à la tête du Parlement.
Les Emirats pointés du doigt
Ainsi, l’omniprésent Noureddine Bhiri, président du groupe parlementaire d’Ennahdha, n’a pas hésité à souligner les pressions exercées, selon lui , de l’intérieur comme de l’extérieur du pays sur les députés afin de voter en faveur du retrait de confiance au président de l’Assemblée. Allant même accuser les Emirats Arabes Unis « d’avoir mis beaucoup d’argent pour soudoyer les élus ».
« 200 millions par tête de pipe »
Allant plus loin dans la surenchère verbale, le député du Courant démocrate Mohamed Ammar a affirmé pour sa part que « Errass (traduisez la voix) se négocie à 200 000DT à l’intérieur de l’ARP pour acheter les voix des députés lors de la plénière de jeudi ».
Rappelons pour conclure que la Constitution tunisienne et le règlement interne du parlement stipulent que l’adoption de la motion de retrait de confiance au président du parlement requiert une majorité absolue des voix (109 sur un total de 217 députés).
La barre fatidique de 109 voix sera-t-elle atteinte demain à la veille de l’Aïd ? Dans l’affirmative, l’échiquier politique sera totalement chamboulé. Et en profondeur.