La question peut fâcher. Cependant le mouton n’est pas là pour faire bon ménage avec le budget familial. Son prix augmente d’année en année. Et tout le monde là aussi de s’ingénier à trouver le bon prix pour sacrifier à un rite qui reste largement respecté.
Combien coûte un mouton ? Disons que d’expérience – après avoir fait le tour de quelques points de vente et écouté des commentaires – entre 500 et 1000 dinars. Cela dépend du poids de l’animal, du lieu et de la date d’achat. Tout le monde aura remarqué que les prix, comme de coutume, baissent au cours des jours précédant l’Aïd. Un phénomène auquel on est évidemment habitué. Certains ont pris du reste le pli de faire leurs achats jusqu’à la veille de l’Aïd.
Tout le monde là aussi de s’ingénier à trouver le bon prix pour sacrifier à un rite qui reste largement respecté. Et ce, quel que soit le prix. Car d’évidence, les prix ne font qu’augmenter d’une année sur l’autre. Avant d’arriver au consommateur, l’animal aura coûté cher – on peut le deviner – à son propriétaire. Il a des frais pour le garder, l’alimenter, le soigner, le transporter,…
Tirer leur épingle du jeu
Sans oublier que les spéculateurs font de plus en plus partie du paysage. Et comme un peu partout là où il y a de l’argent à faire, ils se trouvent au bon endroit et au beau moment pour tirer leur épingle du jeu.
Cela dit s’étant interrogé sur ce coûte vraiment le mouton pour la grande masse des Tunisiens. La question mérite d’autant plus d’être posée que le prix de l’animal dépasse de bien loin le SMIG qui est de 403,104 dinars.
La réalité est, de ce fait, on ne peut plus évidente : un smigard tunisien ne peut acquérir un mouton aussi petit soit-il. A moins d’acheter un animal chétif qui ne peut faire l’affaire et nourrir la famille.
L’évocation de cette réalité peut étonner. Mais pourquoi étonnerait-elle lorsqu’on sait que le SMIG est en économie un salaire référence. Ce dernier sert à mesurer un ensemble d’agrégats pour donner une idée sur des situations des plus diverses ?
Tout le monde sait à ce niveau qu’une partie des Tunisiens n’arrive pas à acquérir sans qu’ils empruntent ou rentrent dans le rouge. A moins qu’ils bénéficient d’un prêt de leur entreprise ou d’une prime de celle-ci. Ou les deux à la fois. Et même dans ce dernier cas, ils ne sortent que rarement, comme on dit, de l’auberge.
Dur, dur
Car, même pour ceux qui gagnent plus de 1000 dinars dur, dur, d’acheter un mouton sans être obligé de se serrer la ceinture. A moins d’avoir réussi à mettre un peu d’argent de côté. Ou de se mettre à deux. S’il s’agit d’un couple.
Faut-il préciser cependant, ici, que les dépenses du mouton de l’Aïd ne sont pas une exception. Même si la question peut fâcher plus d’un, nous ne pouvons ignorer que nos fêtes et occasions religieuses et familiales, nombreuses du reste, sont bien coûteuses : Aïd Esseghir, Aïd El Kébir, le Mouled, rentrée scolaire …
Réflexion d’un citoyen lambda qui en sait quelque chose parce que gagnant le double du SMIG et ils sont nombreux dans ce cas. « On me dit souvent qu’il ne faut pas beaucoup se plaindre parce que ces fêtes n’arrivent qu’une fois l’an. Mais lorsque je réfléchis bien, cela arrive en définitive…une fois par mois ».
Il ne pouvait mieux dire ! Bonne Fête du sacrifice à toutes et à tous !