Revenant sur le rejet de la motion de confiance dont il était l’objet, le leader du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi a argué que cette victoire, en demi-teinte, est celle de la démocratie sur le despotisme. Une flèche destinée à l’ennemi juré : le PDL de Abir Moussi.
Apparemment, le leader du parti Ennahdha et président de l’ARP, Rached Ghannouchi, semble savourer sa victoire à la Pyrrhus, suite au rejet de la motion de retrait de confiance dont il était l’objet par 97 voix favorables et 16 contre. Pour rappel, la motion de censure contre lui n’a pas atteint le quorum de 109 voix requises pour passer.
Pourtant, le 30 juin dernier, date de la plénière consacrée au vote de défiance, il avait dû sentir le vent du boulet quand il s’est aperçu qu’il avait fallu de quelques voix pour le faire descendre les marches du Perchoir. Si ce n’était la félonie des députés de Qalb Tounes ; lesquels avaient choisi de déposer des bulletins nuls. Le cheikh de Montplaisir doit ainsi une fière chandelle à son allié contre nature Nabil Karoui !!
Ironie
Revenant sur cette fameuse motion à l’occasion de la cérémonie organisée, hier jeudi, au siège du parti à l’occasion de la fête de l’Aïd el-Idha, le président du Parlement, qui ne semble pas avoir le triomphe modeste, a moqué ses détracteurs « qui s’étaient préparés à des festivités pour célébrer la chute du président du Parlement, leur objectif était de se réjouir du malheur d’Ennahdha et de son président ».
Une bataille féroce
Pour le leader islamiste, la motion de censure à son encontre n’est que la face apparente de l’iceberg, à savoir la bataille opposant la liberté à la tyrannie et la démocratie à la dictature. En d’autres termes, la féroce bataille idéologique qui met face à face l’Islam politique au PDL de Abir Moussi. L’ennemi est ainsi pointé du doigt.
Et d’enfoncer le clou : « La bataille est celle de l’éradication de la politique de l’exclusion pratiquée par les nostalgiques du RCD à notre encontre. Pour eux, la place des islamistes est en prison, dans une tombe ou en exil », a-t-il martelé.
Pourtant, a-t-il tenu à rappeler, c’était le gouvernement de la Troïka dont faisait partie Ennahdha qui avait autorisé le PDL à exercer et qu’il ne regrettait pas cette décision : « Nous vaincrons le PDL grâce à la démocratie », assure-t-il.
« La liberté qui dérange »
Profitant de cette occasion pour lancer des flèches empoisonnées à certaines monarchies du Golfe – suivez mon regard – Ghannouchi a ironisé sur le fait que plusieurs chaînes arabes du Golfe avaient couvert les travaux de la plénière consacrée au vote de la motion de censure, jeudi 30 juillet 2020 ; négligeant à l’occasion la retransmission du rite du Mont Arafat, étape incontournable d’el Hajj : «Ces médias ne se souciaient guère de transmettre à leurs peuples la manière dont le peuple tunisien décide de son propre sort en désignant ou en destituant ses responsables par la voie des urnes. Mais pour passer en direct la chute du président du Parlement ».
Et de conclure : « Décidément, la liberté dont jouissent les Tunisiens dérange plusieurs pays arabes ».