Nabil Karoui, le fondateur de Qalb Tounes, laisse planer le doute sur son éventuel soutien au gouvernement Mechichi. Calcul politique ou surenchère? En tout cas, l’homme d’affaires, en politicien avisé, sait qu’il ne faut jamais insulter l’avenir.
Ainsi, Nabil Karoui, le président de Qalb Tounes, a constaté avec malice: « Nous ne sommes pas naïfs, nous savons que c’est le gouvernement du président. Kaïs Saïed devrait assumer sa responsabilité entière et expliquer sa démarche. D’ailleurs, il n’aurait pas désigné Hichem Mechichi pour la formation du gouvernement s’il voulait que les partis politiques en fassent partie ».
« C’est son gouvernement, c’est son choix et il doit en assumer la responsabilité », a-t-il poursuivi. Et ce, après avoir été reçu à Dar Eddiafa par le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi.
« Mechichi ? Le contraire de Yabta Chwaya »
Maniant fort bien l’art de lancer des fleurs avant de sortir ses griffes, Nabil Karoui n’a pas manqué d’encenser Mechichi. En le qualifiant « d’homme sage, intelligent, soucieux des intérêts de son pays et qui sait ce qu’il fait ».
Et ce, « contrairement à Monsieur yabta chwaya », un coup de patte lancé en direction de son ennemi juré, Elyes Fakhfakh.
« Une scène surréaliste »
Alors, sera-t-il favorable à l’option d’un gouvernement formé de compétences indépendantes comme le prône l’homme « qui sait ce qu’il fait »?
Que nenni, car il dit ne pas comprendre l’utilité des élections puisque ce sont les indépendants qui constitueront la nouvelle équipe gouvernementale, « la scène est surréaliste. Les partis politiques qui gagnent les élections ne gouvernent plus. A quoi servent les élections, si ce sont les indépendants qui seront à la tête des ministères? »
Et d’enfoncer le clou : « Nous sommes désormais dans une situation bizarre. Si nous allons vers un gouvernement de compétences, où est la ceinture politique? », s’interroge-t-il, avec un semblant de logique.
Le oui, mais
Le fondateur de Qalb Tounes caresse-t-il encore l’espoir que son parti figure au prochain cabinet comme l’exige son allié et mentor Ennahdha? « Nous n’avions jamais posé des conditions. Nous avions toujours demandé un gouvernement de compétences, sans discrimination entre personnes politisées ou non politisées ».
Ah bon! Il nous semble que, s’alignant comme à l’accoutumée sur Ennahdha, M. Karoui a toujours été partisan d’un gouvernement d’union nationale.
« A ce stade nous devons d’abord comprendre l’orientation du gouvernement et son programme. Et pour le moment, nous n’allons pas prendre de décisions sur un coup de tête. Nous prenons le temps de réfléchir », a-t-il encore assuré.
Alors, Qalb Tounes va-t-il soutenir ce nouveau gouvernement? Cela dépendra du programme que le chef du gouvernement désigné Mechichi compte mettre en place, selon ses dires.
La vérité, c’est que le propriétaire de la chaîne Nessma attend le feu vert de Montplaisir. En scrutant entre temps la direction du vent…