Célébrer le 13 août comme chaque année, à quoi cela sert-il? Qu’avons-nous réalisé depuis le 14 janvier 2011?
Evoquer le 13 août, suffit-il voir si la condition de la femme Tunisienne a-t-elle évolué? Au contraire, on assiste de plus en plus à des violences économiques, physiques, morales.. Tel est le tableau morose, mais qu’on feint de l’oublier… Pourtant certaines d’entre elles pensent le contraire…. Posons-nous la question :la femme tunisienne est-elle solidaire de ses semblables… Beaucoup vous disent que oui, d’autres vous répondent le contraire… Il y a du vrai… Pour que les femmes progressent, il faut s’unir… Une chose que nous ne voyons guère dans la sphère politique et dans notre quotidien…
CSP, état des lieux !
Cela dit, après soixante quatre ans de Code du statut personnel CSP; les femmes tunisiennes ont-elles réalisé certains acquis? Ayda Ben Chaabane, militante de la société civile, souligne qu’en effet, les femmes tunisiennes ont réalisé certains acquis qui consacrent même relativement une certaine égalité. Elle précise dans ce contexte: « J’évoque l’article de la parité dans la constitution ; la loi-cadre contre la violence et l’article de la parité verticale et horizontale pour les élections municipales etc…pourtant ; on est loin d’une vraie révolution féministe car certaines revendications sont encore considérées comme élitistes et inappropriées dont l’égalité en héritage et l’adoption du code des libertés ».
Le combat des femmes, et si on en parlait!
Avant d’ajouter: « Ceci étant dit, les femmes sont au cœur même de leur combat à savoir jouir de tous leurs droits dans une société en pleine mutation, où deux forces, l’une progressiste qui tend à être en harmonie avec le processus d’affranchissement que les femmes ont entamé depuis des siècles et celui réactionnaire et sexiste, écho d’un obscurantisme qui ne cesse de soumettre les femmes en faisant appel aux dogmes et aux clichés propres à une société qui demeure foncièrement patriarcale. «
Ayda Ben Chaabane: « Toutes les femmes doivent être impliquées »
Et de poursuivre: « Aujourd’hui, plus que jamais, les femmes tunisiennes doivent se souder et s’unir autour d’un programme à long terme pour accéder aux postes de décision et faire en sorte que les lois promulguées soient en leur faveur et non à leur détriment. Pour que cela se réalise, toutes les femmes sur tout le territoire doivent être impliquées et représentées, à mon humble avis, les droits économiques et sociaux s’imposent comme une urgence car ils sont à l’origine de l’indépendance économique qui à son tour engendre toutes les autres formes d’indépendance. »
Leila Belkhiria: « Quand les femmes s’arrêtent, le pays s’arrête »
De son côté, Leila Belkhiria Jabeur, présidente de la CNFCE met l’accent sur l’importance d’un des meilleurs cadre juridique pour les libertés et les droits des femmes, même si en termes de décrets-lois, « nous n’avons pas à progresser car de nos jours nous assistons à des agressions dans les rues, une violence dans les foyers, une violence politique à l’égard des femmes…. Ce qui montre un grand écart entre la théorie et la pratique. Ainsi dix ans après 14 janvier, la violence n’a fait qu’augmenter, le marché du travail est difficilement accessible aux filles. Ce qui nous amène à un taux de chômage élevé chez les filles contrairement aux garçons ».
Et de poursuivre: « Mais ce qu’on peut déduire c’est qu’il existe un mouvement de la société tunisienne qui s’oppose à toute réussite de la femme tunisienne à tous les niveaux. On dirait qu’il y a une forte envie de pousser la femme tunisienne à s’écarter. Et le fait qu’elle s’éloigne, ce mouvement s’attaquerait à l’économie et au développement de la Tunisie. Ce qui fait quand les femmes s’arrêtent, le pays s’arrête. Et pour rebondir, mon message est celui de ne pas baisser les bras car au fil des siècles, les femmes tunisiennes demeurent résilientes tenaces. Et nous devons nous battre. Car nous sommes des compétences qui poussent la Tunisie vers un avenir meilleur ».
Khawla Ben Aïcha: « Le premier ennemi de la femme est la femme »
De son côté, Khawla Ben Aicha, ancienne députée à l’ARP revient sur la réalité du terrain, tout en déclarant: ‘On ne peut pas célébrer, et prononcer un bon discours alors que la réalité est tout autre. Aujourd’hui, une bonne partie des filles est privée de son droit d’étudier. Même cas pour les jeunes femmes compétentes qui se trouvent du jour au lendemain sans travail encore moins d’occuper des postes de décision. Et ce parce qu’elles sont femmes tout simplement… Mais pire encore, une partie des filles dès qu’elles atteignent l’âge de 18 ans, on leur impose de se marier par force…. Vous savez les exemples ne manquent pas… Or tant qu’on n’a pas mis en place une éducation saine qui apprend aussi bien aux enfants qu’aux parents les valeurs de l’égalité des devoirs entre garçon et fille… les pratiques demeureront les mêmes. A savoir plus d’inégalité et d’injustice… Et j’en passe.. »
Et de conclure: « Car parler d’égalité, le respect des femmes et l’autonomisation de leurs droits cela se pratique au fil des jours et non des slogans scandés. Tout comme il s’agit de notre responsabilité de nous tous et toutes… Et j’ajouterais pour finir, il ne faut pas attendre le 13 août pour le faire, c’est dans le changement de la mentalité que cela se passe. Et pour finir, le premier ennemi de la femme est la femme elle même soit par manque de solidarité et d’empathie envers ses semblables..Autant se remettre en question et dire où on a échoué. «
Quoique l’on dise les mentalités de nos jours demeurent les mêmes… On assiste de plus en plus à de violence à l’égard des femmes… célébrer le 13 août certes est un acquis en soi mais n’est-il pas mieux de mettre un terme aux inégalités… Bonne fête mesdames!