Peut-on parler d’un séisme politique depuis les derniers résultats des sondages de Sigma Conseil pour les élections législatives? Que faut-il déduire notamment après l’ascension fulgurante du PDL si les élections législatives devaient avoir lieu demain? Mehdi Ghazzai, consultant en communication, donne sa lecture des sondages pour les élections législatives.
Selon Mehdi Ghazzai, les derniers résultats des sondages pour les élections législatives ne sont pas une surprise. Tout en déclarant: « Ils viennent confirmer une tendance observée durant les derniers mois : la montée en puissance du PDL qui occupe la première place dans les intentions de vote, depuis le mois de juin 2020. »
Et de poursuivre: « La nouvelle donne révélée par ce sondage est l’écart de plus de 10 points entre le PDL et Ennahdha. Cela n’était jamais arrivé depuis juin 2014 avec le parti Nida mené par feu Béji Caid Essebsi. En revanche, le parti Qalb Tounes recule dans les sondages, n’ayant plus que 10 points. Les autres partis sont très loin du peloton de tête. »
Il ajoute: « Ces résultats s’expliquent essentiellement par deux aspects. Le premier concerne la cohérence du discours du PDL depuis des mois et la congruence de leurs actes : ils disent ce qu’ils font et font ce qu’ils disent. Alors que le deuxième aspect a à voir avec la communication politique. A travers leur leader Abir Moussi, le PDL a su occuper tout l’espace médiatique et imposer son tempo sur l’actualité. »
Et de poursuivre: « Abir Moussi a très bien su préparer chaque passage médiatique, gagnant ainsi les batailles et les séquences de communication l’une après l’autre. Elle a su aussi moderniser la communication politique, s’appuyant beaucoup sur les réseaux sociaux et les live, faisant du story telling de ses aventures dans le parlement et en transformant ses meetings en un vrai « One Woman Show » à l’américaine. Une communication disruptive qui fait la différence. »
Lecture des sondages pour les élections présidentielles.
Mehdi Ghazzai souligne: »Ce qui est frappant, c’est qu’il n’y a pas eu une bijection entre les résultats du PDL dans les législatives (35%) et les résultats d’Abir Moussi dans les présidentielles qui n’a recueilli que 8%, pendant que Kais Saied caracolait en tête avec 65% des votes. Ceci est révélateur que le vote pour le PDL aux législatives est surtout un vote antisystème et donc contre le système qui a gouverné pendant les 10 dernières années. En effet, un autre sondage de Sigma conseil indique que 83% des sondés ne sont pas du tout satisfaits de l’état actuel du pays. »
Et de conclure: « Une autre raison à ces résultats est le rôle joué par la présidence durant les derniers mois et qui a incarné l’antithèse des turbulences du parlement, cette institution qui ne recueille plus que 7% de la confiance des interrogés. A moins d’élections anticipées, il est encore très tôt pour faire des pronostics sur les prochaines élections en 2024. Et si 2020 nous a bien appris une chose, c’est qu’on ne peut plus rien prévoir ! »