Quitte à s’attirer les foudres de Washington, la Tunisie, en sa qualité de membre non-permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, s’est abstenue de voter la résolution américaine. Celle-ci vise à prolonger l’embargo sur les armes en Iran.
Car, prise entre le marteau et l’enclume, la Tunisie n’avait pas d’autre choix que de s’abstenir. Et ce, lors du vote des membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Il avait pour ordre du jour: la résolution américaine visant à prolonger l’embargo sur les armes en Iran.
A savoir que cette résolution avait été rejetée ce week-end. Les Etats-Unis et la République dominicaine ont voté pour, onze membres non-permanents dont la Tunisie se sont abstenus et deux pays, en l’occurrence la Russie et la Chine se sont prononcés contre, sans avoir besoin de recourir à leur droit de véto.
L’isolement de Washington
Pour rappel, le secrétaire d’État, Mike Pompeo, était en visite officielle en Tunisie le vendredi 24 juillet 2020. Et ce, pour appeler tous les membres du Conseil de sécurité de l’ONU, dont la Tunisie, à soutenir la prolongation de l’embargo sur les ventes d’armes à l’Iran.
Ainsi, le fiasco de la diplomatie américaine n’a réussi qu’à rallier une petite République bananière à sa cause. Il montre l’isolement de Washington vis-à-vis même de ses alliés européens, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne se sont abstenus. Et ce, depuis que le président Donald Trump s’est retiré unilatéralement de l’accord sur le nucléaire iranien en mai 2018.
Téhéran crie victoire
En réaction au rejet de la résolution américaine par une majorité écrasante de voix, le président iranien, Hassan Rohani, n’a pu s’empêcher de crier victoire: « Les Etats-Unis ont échoué dans cette conspiration, humiliés ». C’est ce qu’il a déclaré d’une conférence de presse retransmise à la télévision.
« Pendant les 75 ans d’histoire des Nations unies, l’Amérique n’a jamais été aussi isolée ». Ainsi s’est félicité de son côté le ministère iranien des affaires étrangères, Abbas Moussavi. « Malgré tous les voyages, pressions et colportages, les Etats-Unis n’ont pu mobiliser qu’un petit pays pour voter avec eux »; faisant allusion aux efforts du chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, pour rallier des soutiens à la résolution américaine.
Menaces
Pour sa part, digérant mal l’échec de la résolution américaine, Mike Pompeo a fustigé « l’incapacité du Conseil de sécurité à agir de manière décisive pour défendre la paix et la sécurité internationales; c’est inexcusable ».
« Les Etats-Unis n’abandonneront jamais nos amis dans la région qui attendaient davantage du Conseil de sécurité. Nous continuerons à travailler pour faire en sorte que le régime théocratique terroriste ne soit pas libre d’acheter et de vendre des armes qui menacent le cœur de l’Europe, du Moyen-Orient et au-delà. » Tels sont les propos du secrétaire d’Etat américain qui réagissait dans un communiqué.
Or, le plus grave c’est que Donald Trump s’est même dit prêt à recourir au « snapback », un mécanisme, intégré à l’accord de 2015. Il permet à un Etat participant à l’accord d’obtenir un retour automatique au régime de sanctions internationales contre Téhéran. Et ce, en cas de violation des engagements iraniens.
Mais la manœuvre américaine, basée sur un argument juridique douteux et contesté par de nombreux membres du Conseil, y compris parmi les alliés européens de Washington, risquerait de pousser l’Iran à se retirer définitivement de l’accord nucléaire signé en 2015.
Calculs électoraux
Donald Trump cherche-t-il justement à pousser Téhéran dans ses derniers retranchements pour durcir davantage les sanctions américaines? Du coup, il espère combler les vœux de Tel-Aviv, ainsi que sa base électorale. Celle-ci est essentiellement composée d’évangélistes très attachés à l’Etat hébreu. Et ce, à quelques mois de la présidentielle de novembre?